Seine-et-Marne. Charles Goldstein, peindre pour ne pas oublier

By  |  2 Comments

Par Vanessa RELOUZAT

Cent peintures contre la barbarie. C’est le thème de l’exposition de Charles Goldstein qui sera présentée à l’espace Saint-Jean jusqu’au 7 septembre.
Sarah Halimi. Mireille Knoll. Et toutes les victimes de l’antisémitisme. Ou plutôt « toutes les victimes des barbaries, au pluriel, y compris celle qui a provoqué la disparition de 6 millions des miens. » Ce sont à elles que l’artiste peintre melunais, Charles Goldstein, dédie sa prochaine exposition qui se déroulera à Melun du 19 juin au 7 septembre. Après, New York, Washington et différentes parties de l’Europe, c’est à l’Espace Saint-Jean que ce dernier présente une centaine de ses œuvres.
Une vie entière consacrée à la peinture. Déjà Chevalier de la Légion d’honneur en 2005, Charles Goldstein se verra décerner le grade de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par Franck Riester, le ministre de la Culture, lors du vernissage, le 16 juin prochain. « C’est la troisième décoration française, j’avoue qu’elle me va droit au cœur, déclare l’artiste. Je la considère comme la reconnaissance de mon travail et de mon implication dans la vie culturelle. »
Responsable des affaires culturelles de la ville de Melun pendant 31 ans, ce rescapé de la Shoah peint comme il respire et ce, depuis 65 ans. « Même pendant mon service militaire en Algérie, dans la poche de mon treillis, je gardais un carnet de dessins », se souvient-il.
À l’époque, Charles Goldstein trempait dans le figuratif. Ce n’est que quelques années plus tard que l’abstrait devient une nécessité.
Il raconte :
En 1997, j’ai perdu mon frère. Avec son décès, j’ai fini par me poser la question de la réappropriation mémorielle. Depuis, je travaille sur la mémoire des miens, ces membres de ma famille victimes du nazisme. Mais avec le figuratif, j’avais la sensation de faire de la bande dessinée. Le figuratif, c’est l’instant « T ». Pour aller plus loin, il fallait passer à l’abstraction. »
Alors, dans le fouillis de son atelier, quelque 600 toiles aux couleurs à la fois sombres et vives. Certaines chargées de matières, d’autres plus épurées. Près de la fenêtre, des javelots de lumière font apparaître les reliefs d’un tableau intitulé « Montée des profondeurs », un titre emprunté au poète Ytshak Katzenelson, gazé à Auschwitz en 1944. Une œuvre puissante et chargée de symboles, fraîche d’un mois seulement.
Cette toile me marque et me fait mal, commente Charles Goldstein. J’y vois un crématoire avec une famille dedans. »


Et d’ajouter : « Il ne faut pas se cantonner à une réaction purement plastique, ma peinture demande des explications ».
Pour être pleinement appréciées, certaines œuvres nécessitent une connaissance sur le parcours du peintre. Né en France en 1937, Charles Goldstein n’a jamais connu la Pologne natale de ses parents.
Ces derniers sont arrivés de Wisznice, afin d’échapper aux pogroms.
« Nous vivions dans le Lot et, en 1944, les blindés de l’armée allemande ont cerné le village et raflé les juifs. J’ai été sauvé par un Juste parmi les nations qui m’a caché dans sa ferme. De nombreux membres de ma famille ont été massacrés à Auschwitz ou fusillés sur la place du village. »
Heureusement, la vie de Charles Goldstein n’est pas faite que de drames. Il y a aussi les belles rencontres, déterminantes même. À commencer par un professeur de Jacques-Amyot.
Il s’appelait Monsieur Lemaître. Nous avions une heure de dessin par semaine, il avait trouvé que j’étais doué. Cela avait été le premier déclic. »
Sans oublier Marc Chagall que Charles Goldstein considère « comme un Dieu ». « J’avais 16 ans quand je suis allé frapper à sa porte, à Saint-Paul de Vence. Je n’avais rien dans les mains, rien à lui montrer, simplement lui dire toute mon admiration. Pendant trois heures, je l’ai regardé travailler dans son atelier. Cela a boosté ma vocation. »
Et puis, il y a eu le réalisateur Jorge Semprùn mais aussi Roger-Calixte Poupart, un peintre de Vaux-le-Pénil. « On a beaucoup parlé peinture ensemble. Il m’a appris la sincérité, la rigueur. »
Alors, ce qui pousse Charles Goldstein à continuer aujourd’hui ? Le besoin de témoigner. « C’est fou comme l’Histoire ne nous apprend rien. La mémoire est périssable au contact du quotidien. J’ai décidé que je ne quitterai pas mon thème tant que les massacres continueront. C’est important de témoigner. Des rescapés d’Auschwitz continuent de raconter leur histoire dans les lycées. Encore aujourd’hui, cela paraît essentiel. »
Vanessa RELOUZAT
Renseignements
Exposition du 19 juin au 7 septembre, à l’Espace Saint-Jean, à Melun, du mardi au samedi, de 13h à 18h et sur rendez-vous. Entrée libre.
Vernissage, dimanche 16 juin, à 11h.
Plus d’infos : 01 64 52 10 95.
Source :
https://actu.fr/ile-de-france/melun_77288/seine-marne-charles-goldstein-peindre-ne-pas-oublier_24894582.html

happywheels

2 Commentaires

  1. Franccomtois dit :

    Avec tout le respect pour ce Monsieur,je préfere largement se que font les petits Franccomtois et maman Franccomtois en peinture ou en dessin.

    BUDAPESCHT ( BUDAPEST) yiddish song Karsten Troyke (avec de belle peinture).
    https://youtu.be/HtrQFVw_8Ag?list=RD2-AVAqu91HE

Publier un commentaire

Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.