Stormfront, le plus ancien site néonazi du Web, est désormais inaccessible

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Ce week-end du 26 août, le plus ancien site néonazi et suprémaciste blanc, Stormfront, a disparu d’Internet. L’entreprise qui en assurait l’hébergement, Network Solutions, a décidé de saisir le nom de domaine, déconnectant la plateforme et rendant son transfert impossible.
« Notre mission est de fournir des informations non communiquées par les nouveaux médias contrôlés et de construire une communauté de blancs activistes travaillant à la survie de notre peuple. » Ainsi se présentait Stormfront, grand forum néo-nazi au design légèrement désué et totalement dédié à la « race blanche », avant d’être éjecté du net par son hébergeur, Network Solutions LLC. Impossible de se mettre à jour ou de renvoyer vers un autre site, l’ensemble des données a été supprimé. Pour se reconstruire, Stormfront devra repartir entièrement de zéro.
Selon Knoxville News Sentinel, c’est le Lawyers’ Committee for Civil Rights Under Law, une organisation non partisane de défense des droits civiques, qui serait responsable de la fermeture du forum. Par une série de lettres, l’organisation a dénoncé sa violation des politiques d’usage de l’hébergeur interdisant la propagation du « sectarisme, l’intolérance, la discrimination ou la haine de quelque manière que ce soit. »

Coup marquant. C’était l’un des plus anciens et des plus populaires forums néo-nazis. Créée en 1995, la plateforme était parvenue à réunir un peu plus de 300,000 membres enregistrés, auteurs de messages haineux en tout genre. À l’instar de ceux vantant l’attaque de Charlottesville il y a deux semaines. « L’évènement était le premier depuis une décennie où un certain nombre de blancs se sont levés pendant la démonstration, et ça c’était un succès », écrit Kevin Cannon, relevé par Wired.
« Les images de la marche sous les feux des torches étaient particulièrement évocatrices et magnifiques. Ça m’a donné envie d’y être. Le fait que Trump ne parvienne pas à rejoindre les médias de gauche condamnant le rallye en tant que violence nazie est un énorme plus », se réjouit un autre.

Son gérant, Don Black, était un ancien « grand sorcier » du Klu Klux Klan (KKK). Après avoir abandonné les capuchons blancs et les torches, le groupe contribuait à la « normalisation » de l’idéologie suprémaciste blanche en organisant plusieurs évènements comme le « Great Smoky Moutain Summit » dans l’est du Tennessee.
Stormfront ne se limitait pas à de simples propos échangés sur le net. En 2014, l’organisation Southern Poverty Law Center (SPLC) a dénoncé l’affiliation explicitement criminelle du forum. Dans une liste détaillée et publiée en ligne, elle relève une centaine de crimes de haine attribués à des membres de Stormfront.

Les réactions sont éparses. D’aucuns se félicitent, d’autres soulignent que la bataille n’est pas encore gagnée. Le site « blanche Europe », homologue européen du forum néo-nazi, en a profité pour rapidement rebondir en s’inventant victime : « ne nous y trompons pas, cette attaque est anti-blanche. » L’occasion est trop belle pour ne pas être saisie. « Toute attaque extérieure contre un élément du groupe (même un avec lequel on a des différents) doit être considérée comme une attaque contre l’ensemble du groupe », ajoutent-ils.
Rapporté par l’hebdomadaire québécois La Presse, un ancien administrateur du forum dé-radicalisé déclare : « D’un côté, c’est un bon choix d’avoir fait disparaître ces contenus haineux, mais de l’autre on perd un peu une lentille pour observer les racistes et les néo-nazis. Anciennement en charge de la section France-Québec, cet ex-skinhead est désormais chercheur au Centre de prévention contre la radicalisation menant à la violence. « On perd une grosse banque de données sur l’extrême droite », a-t-il ajouté.
L’historien Farid Ameur, spécialiste des Etats-Unis et de l’extrême-droite, s’interroge. « Je suis un peu surpris, dit-il avant de préciser, la Constitution américaine reconnaît la liberté d’expression. Aujourd’hui, le KKK est légal aux Etats-Unis. » Les récents évènements à Charlottesville peuvent avoir intensifié les pressions autour de la suppression des groupes de haine, suggère-t-il. Le forum néo-nazi Daily Stormer s’est lui aussi vu bloqué par l’hébergeur GoDaddy, puis par Google.

Cette vague de suppression relèverait plutôt de réactions à retardement que d’un réel affaiblissement des groupes suprémacistes blancs. Et plutôt que de parler d’extrême-droite, Farid Ameur préfère utiliser un terme plus adéquat : « l’ultra-droite ».
Dans son livre Ku Klux Klan paru en 2009, le spécialiste retrace l’histoire de l’ultra-droite américaine et relève une mutation significative. Fini le temps où le KKK régnait en maître. « Aujourd’hui, l’ultra-droite, c’est une nébuleuse » où les sous-groupes prolifèrent. Des groupuscules, listés par l’Anti-Diffamation League, qui ne comptent parfois que 10 à 15 personnes. « Il ne faut pas se mettre martel en tête », estime Farid Ameur qui conseille de ne pas les sur-estimer.
Si le chercheur déclare ne pas craindre un KKK « sub-divisé en plusieurs groupuscules qui ne reconnaissent pas le même chef ni ne partagent leur leitmotiv », il souligne le danger des « loups solitaires ». Ceux qui, au nom des principes suprémacistes blanche, se lancent dans des « actions folles ». Avant d’évoquer Charlottesville mais également la tuerie de Charleston orchestrée par Dylan Roofs en 2015.
Source :
http://www.lesinrocks.com/2017/08/31/actualite/chute-et-fin-de-stormfront-le-grand-forum-neo-nazi-americain-11979600/

happywheels

1 Comment

  1. capucine dit :

    Il était temps de le supprimer d »internet et de dissoudre cette organisation néo nazie…

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