Attentats : Najim Laachraoui s’était radicalisé à 17 ans

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C’est un portrait en composite, qui se complète peu à peu. La condamnation à cinq ans de prison, mardi, de Najim Laachraoui, l’un des kamikazes des attentats du 22 mars à Bruxelles, permet de préciser le parcours de ce Belge de 25 ans, probable artificier des attentats de Paris et Saint-Denis le 13 novembre.

De la vie de ce garçon né dans une famille musulmane, on connaissait déjà quelques aspects. Le jugement de la 90e chambre correctionnelle du tribunal de Bruxelles, qui a condamné Laachraoui dans une affaire de filière de combattants djihadistes, donne des éléments supplémentaires, publiés par La Dernière Heure.

Selon le journal belge, Najim Laachraoui, étudiant en filière électronique, s’est radicalisé peu à peu autour de 17-18 ans, dans les années 2008 et 2009, notamment au contact des prédicateurs de la mosquée Ettaouba d’Evere -dont l’un des imams a été incarcéré en juillet 2014- et d’un certain « Emponz B. ».
Intérimaire pour un société travaillant à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem

Sa scolarité à l’Institut de la Sainte-Famille, à Schaerbeek s’achève pourtant sans avoir causé d’inquiétude ou de problème au lycée, ni attiré l’attention. Devenu majeur, en 2009, Laachraoui abandonne le taekwondo et tout autre sport, il change de tenues vestimentaires. Ce qui signifie qu’à l’été 2009, lorsqu’il effectue un job d’été d’un mois pour une entreprise de nettoyage travaillant au Parlement européen, l’adolescent a déjà basculé dans les aspects les plus rigoristes de l’islam salafiste. Entre 2008 et fin 2012, il effectue des missions intérimaires pour un société travaillant sur le tarmac de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, et retravaille un mois, été 2010, au Parlement.

En 2011, il s’inscrit à l’Université libre de Belgique et à l’Université catholique de Louvain, deux institutions de renom en Belgique. Il achève son année d’électromécanique avec la mention « satisfaisant » au début de l’été 2012 et remplit son inscription pour la suivante.

Cet été-là, d’après le jugement, il participe à des protestations devant l’ambassade du Myanmar, à Schaerbeek. 250 à 300 personnes dénoncent alors « l’oppression perpétuelle » que subissent les musulmans de cette région de Birmanie. Les médias qui relaient la manifestation évoquent la présence d’une vingtaine de membres de Sharia4Belgium, considéré depuis comme le premier réseau d’acheminement de combattants belges pour l’État islamique, et qui a fait l’objet d’un grand procès en septembre 2014.

En 2013, il passe en Syrie

Laachraoui continue d’assister aux conférences de la mosquée Ettaouba. Mais il ne poursuit pas ses études au delà du premier semestre, et pour cause : le 17 février 2013, le jeune homme prend un avion pour Antalya, en Turquie, et « rapidement », passe la frontière avec la Syrie. Selon le jugement, il rallie un groupe lié à Al-Qaida, baptisé « Majlis Shura Mujahidin ». Son père signale sa disparition le 30 avril suivant, affirmant avoir eu des contacts avec lui toutes les trois semaines depuis son départ. Son fils dit alors se trouver dans la région d’Alep, deuxième ville de Syrie. Au début de l’année, l’État islamique en Irak est devenu l’État islamique en Irak et au Levant et mis plus qu’un pied en Syrie. A Alep, pour quelques mois encore l’EI combat au côté des groupes rebelles.

En septembre ou octobre 2013, en tout cas deux ou trois mois après leur enlèvement en juin, Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torres, quatre journalistes français retenus en otage par l’EI, découvrent deux nouveaux geôliers : un certain Abou Idris et son ami Mehdi Nemmouche.

Après le 22 mars et la diffusion de photos, plusieurs otages ont reconnu Laachraoui comme étant Abou Idriss. Moins brutal que Nemmouche avec les prisonniers, révélait le Parisien – Aujourd’hui en France dans son édition du 22 avril dernier, il est chargé d’obtenir des informations des otages, pour faciliter les négociations avec la France. Il ne manque pas de torturer les Syriens, et de demander leurs adresses aux prisonniers, comme pour leur faire craindre de terribles représailles en France.

En janvier 2014, Abou Idriss a pris du galon. C’est lui qui supervise le déménagement nocturne des otages. Il est chargé de protéger ce trésor qui donne tant de moyens de pression sur l’occident, alors que s’annonce une offensive de l’Armée syrienne libre. Trois semaines plus tard environ, à la fin du mois, Idriss-Laachraoui et Nemmouche disparaissent du paysage.

Mehdi Nemmouche réapparaît le 24 mai 2014. Il est l’auteur présumé de l’attentat de Musée juif de Bruxelles au cours duquel quatre personnes sont tuées.

Après la mise en cause de Najim Laachraoui dans les attentats de Bruxelles,son petit frère Mourad Laachraoui affirmait : « même sur Facebook je ne le retrouvais plus ». Il semble pourtant que Najim faisait un usage intense, sous pseudonyme, de Twitter et Facebook. Ce qui permet à la police bruxelloise de savoir qu’il s’est rendu à Mossoul (Irak) pendant son séjour au Moyen-orient. Il téléphonait aussi beaucoup à des amis restés en Belgique. A ceux qui avaient prévu de le rejoindre sur le terrain de la guerre, Laachraoui passait commandes de courses à faire chez Décathlon.

En décembre 2014, Laachraoui salue la mort de Bilal Nzohabonayo, abattu dans une attaque contre la police, à Joué-les-Tours. « Il a très bien compris que les musulmans vivaient une situation de guerre totale », avait-il écrit sur Twitter.

Quelques mois plus tard, probablement, il entame son retour vers l’Europe, avec de noirs desseins. Sous le nom de Sofiane Kayal -mais on l’apprendra un peu plus de deux mois plus tard- il est contrôlé le 9 septembre 2015 à la frontière austro-hongroise, en direction de l’Allemagne, dans la même voiture que Salah Abdeslam. Son ADN a été retrouvé sur le matériel explosif utilisé pour confectionné les gilets meurtriers qui devaient semer la mort à Paris et Saint-Denis le 13 novembre. Sous son faux nom avait été louée une maison près de Namur pour préparer les attentats en France. La police fédérale belge a aussi trouvé sa trace dans une planque de Schaerbeek où s’était caché Abdeslam après les attentats.
source :
http://www.leparisien.fr/attentats-terroristes-bruxelles/attentats-najim-laachraoui-s-etait-radicalise-a-17-ans-07-05-2016-5775289.php

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  1. Gilles-Michel De Hann dit :

    Globalement, le discours intégriste s’est affiné, les techniques d’embrigadement se sont transformées en proposant une  » individualisation de l’offre « . C’est une méthode utilisée uniquement en France. Le rabatteur personnalise le recrutement en utilisant différentes techniques de dérives sectaires pour couper le jeune de son identité, de son histoire, de sa mémoire et de sa famille.

    Le point commun des jeunes filles embrigadées, quelle que soit leur origine ou classe sociale, a été d’avoir indiqué sur Internet qu’elles voulaient faire un métier altruiste : assistante sociale, médecin, infirmière. Les chasseurs de tête de l’islam radical ciblent précisément ces filles grâce à des mots clés et utilisent des vidéos d’embrigadement  » humanitaire » avec un discours simple du type  » Comment peux-tu faire des études alors que Bachar El Assad tue des enfants et que la communauté internationale ne fait rien ?  »

    Du côté des garçons, les recruteurs manipulent ceux qui recherchent une communauté fraternelle, l’aventure, l’adrénaline. Une forme de rite initiatique qui leur permettrait de s’affirmer en tant qu’hommes. Les rabatteurs utilisent alors les codes du jeu vidéo – des éléments visuels, des héros et personnages de jeux très connus et à la mode – dans leurs vidéos d’embrigadement. On pu constater qu’un jeune garçon avait repris dans son embrigadement à l’islam radical le même pseudonyme que celui qu’il avait dans un jeu vidéo. Il y a un glissement facilité du virtuel vers la réalité.

    Mais il y a aussi le modèle type à ne pas oublier. Celui de Mohammed Merah ou des frères Kouachi : le jeune à qui on dit que le malaise qu’il ressent est une preuve qu’il est élu de dieu. On lui offre alors la toute puissance. Souvent, c’est un jeune qui a eu un père déchu, à qui personne n’a pu poser les limites dès la petite enfance, qui n’a pas eu d’intériorisation du « non « . Un jeune qui a grandi dans les trous de mémoire, sans attaches à un territoire, sans espoir social…

    Globalement, les recruteurs leur proposent à tous un  » drive-in  » où ils peuvent choisir leurs propres motivations. Avec pour but : régénérer le monde tout en se régénérant eux-mêmes à travers un changement de nom, une nouvelle identité, l’oubli de leurs anciennes attaches et valeurs…

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