Les actes terroristes du Hezbollah n’ont pas de frontières

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Il y a 27 ans, le Hezbollah a mené une attaque terroriste sur le site du bâtiment AMIA à Buenos Aires. Quelques heures après le bombardement, Israël a envoyé une équipe de secours pour aider la recherche de survivants

Source :
https://twitter.com/Tsahal_IDF?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Eauthor
L’attentat de l’Amia est une attaque à la voiture piégée perpétrée le 18 juillet 1994 à Buenos Aires, la capitale de l’Argentine, et visant un bâtiment abritant plusieurs associations juives, dont l’Association mutuelle israélite argentine (Amia). Avec un bilan de 84 morts et 230 blessés, c’est l’attentat le plus meurtrier de l’histoire du pays, mais il n’a jamais été revendiqué.
L’enquête, toujours en cours, a souffert de nombreuses irrégularités et a conduit à l’inculpation de plusieurs policiers argentins. En 2005, le juge fédéral Juan José Galeano, chargé de l’affaire, est démis de ses fonctions à la suite de « graves irrégularités »1.
En 2006, le nouveau procureur chargé du dossier, Alberto Nisman, accuse formellement le gouvernement iranien d’être le commanditaire de l’attentat, et le Hezbollah d’en être l’auteur1. Selon lui, l’Argentine aurait été visée à la suite de sa décision de suspendre son transfert de technologies nucléaires vers l’Iran. Un mandat d’arrêt international est alors réclamé à l’encontre de plusieurs hauts responsables iraniens, dont l’ancien président Hachemi Rafsandjani1.
Le procureur Alberto Nisman accuse également l’ancien président argentin Carlos Menem et ses collaborateurs de l’époque d’avoir subtilisé des preuves afin de mettre hors de cause un entrepreneur argentino-syrien soupçonné d’avoir participé à la planification de l’opération1. Alberto Nisman est retrouvé mort en janvier 2015 à son domicile dans des conditions mystérieuses2. Quatre jours avant son décès, il avait incriminé l’ancienne présidente argentine Cristina Kirchner, estimant qu’elle avait favorisé l’impunité de suspects iraniens2. Dans son dossier d’accusation, le magistrat n’avait finalement pas inclus cette requête.

Des membres des services de renseignement argentins semblent avoir manipulé Alberto Nisman afin de le pousser à retenir la piste iranienne, malgré le manque de preuves. Un agent du FBI américain qui a participé à l’enquête reconnait en 2020 que tout a été fait pour arriver à « une conclusion décidée à l’avance », qui arrangeait les États-Unis et Israël dans un contexte de fortes tensions avec l’Iran3
En janvier 2014, Yitzhak Aviran, l’ancien ambassadeur d’Israël en Argentine, accorde un entretien à l’Agence juive d’information à Buenos Aires (Agencia Judia de Noticias, AJN) dans lequel il déclare que « La grande majorité des coupables n’est plus de ce monde, et nous l’avons fait nous-mêmes » et qu’ils « savent qui sont les auteurs »33. Dans la foulée, le ministre des Affaires étrangères israélien Yigal Palmor niera ces déclarations et Yitzhak Aviran restera injoignable34.
En janvier 2015, le procureur chargé de l’affaire, Alberto Nisman, accuse la présidente argentine en place, Cristina Kirchner, d’avoir levé des accusations visant à couvrir des suspects iraniens, en échange de pétrole à un prix avantageux. Le 18 janvier, le procureur en question est retrouvé mort à son domicile, une balle dans la tête, avec à ses côtés un pistolet calibre 22 qui, apparemment, lui appartenait. Sur son bureau ont été retrouvées 300 pages de dénonciation où figurent des écoutes téléphoniques entre la présidente et les autres initiateurs du plan35.
Il s’apprêtait à exposer devant la commission de législation pénale de la Chambre des députés les preuves démontrant ses accusations le 19 janvier. La mort du procureur laisse donc planer le doute quant au suicide de ce dernier. La population argentine s’est donc mobilisée dans tout le pays pour protester contre cette mort et demander justice. Le gouvernement, pour répondre à ces manifestations, a donc décidé de déclasser des informations secrètes sur les communications maintenues entre des agents de renseignements accusés par le procureur de donner des informations à l’Iran35.

Santiago O’Donnell, un journaliste et écrivain qui a publié les livres Argenleaks et Politileaks, qui analysent les fuites Wikileaks concernant les politiques étrangères et nationales de l’Argentine, a déclaré que, lors de son enquête, il a trouvé des liens clairs et solides d’« amitié » entre Nisman, la CIA et l’ambassade d’Argentine à Washington, D.C.36,37. Selon O’Donnell, les câbles ont révélé que Nisman avait reçu une recommandation de l’ambassade des États-Unis de ne pas enquêter sur les indices syriens dans l’attentat de l’AMIA et la connexion locale de l’attaque terroriste38,39 et qu’il devait plutôt présumer la culpabilité de suspects iraniens, même si aucun procès n’avait été mené40,41.
Le 7 décembre 2017, un mandat d’arrêt pour trahison est délivré contre l’ancienne présidente42.
Le 28 février 2019, l’ancien président argentin Carlos Menem est acquitté d’entrave à la Justice, tout comme l’ex-président de la communauté juive, Ruben Beraja, alors que l’ancien juge d’instruction Juan José Galeano, accusé de torpiller l’enquête, est condamné à six ans de prison, et le chef du renseignement de l’époque, Hugo Anzorreguy, à quatre ans et demi43.
De nombreux témoignages décrivent le procureur Nisman comme très nerveux durant les 24 heures précédant sa mort. Divers échanges recueillis par des journalistes indiquent qu’on lui avait promis des preuves de l’implication iranienne qu’il n’a jamais reçues. En outre, le procureur s’interrogeait sur la crédibilité des informations que lui avait fournies un agent, dont il apparut qu’il ne faisait pas partie des services de renseignements. Nisman semblait donc craindre avoir été victime d’une manipulation3.

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