Les musulmans de Denain ne veulent pas être représentés par l’extrémiste antijuif de l’UOIF Hassan Iquioussen

Depuis la marche de samedi 30 août, la polémique enfle sur la présence de l’imam itinérant Hassan Iquioussen. Celle-ci n’aurait pas plu à une partie des musulmans denaisiens, qui estiment que l’homme « n’est pas représentatif du culte dans le Denaisis ».

Samedi 30 juillet. Face à près de 150 personnes, Anne-Lise Dufour se tient là, sur le parvis de la mairie, avec les différents représentants des cultes du Denaisis. Ils rendent hommage au père Hamel, sauvagement assassiné à Saint-Étienne-du-Rouvray, cinq jours auparavant. Parmi eux, Hassan Iquioussen, imam itinérant et personnage controversé, notamment pour certaines de ses prises de position, est là au nom des musulmans. Vêtu de noir, le ton grave, il explique que « certains cherchent à répandre le chaos et la désolation. Leur idéologie n’a rien à voir avec l’islam ». Si ses mots ce jour-là ne posent absolument pas question, c’est sa présence qui, rapidement, interroge. Notamment les musulmans du Denaisis.
Membre de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), le « prêcheur des cités », comme il est surnommé, est même qualifié par certains comme persona non grata dans les mosquées de Denain. « Il ne représente que lui-même et en aucun cas les musulmans du Denaisis », explique un musulman sous couvert d’anonymat. Dans ces conditions, pourquoi a-t-il été appelé par la mairie ? Pourquoi n’est-ce pas un représentant d’une des deux mosquées de Denain qui a pris la parole ?
D’après plusieurs sources, les présidents des mosquées Er-Rahma et El-Quds étaient indisponibles. « La mairie aurait très bien pu faire appel à la mosquée d’Escaudain par exemple, ou à quelqu’un du monde associatif. Des musulmans, il y en a à gogo ! Et pourquoi pas une femme, à l’heure où l’on veut réformer l’Islam ? » Selon nos informations, le président du lieu de culte d’Escaudain n’a pas été contacté.
« Des propos qui interpellent »
Un désamour entre les musulmans de Denain et Hassan Iquioussen qui s’expliquerait par de vieilles histoires immobilières et par son « approche politique » de la religion. « Il est très connu, son discours est simple et parle aux jeunes. Mais il a des positions qui interpellent. Il nie par exemple qu’il y ait eu un génocide arménien. »
Quid de l’image renvoyée aux Denaisiens ? Les relations entre la municipalité et la famille Iquioussen sont au cœur du débat depuis la sortie d’un dossier par le blogueur Mohamed Louizi, ancien de l’UOIF, qui pointe du doigt les « liaisons dangereuses » entre les deux parties. La présence d’Hassan Iqouissen à ce rassemblement ne fait qu’apporter encore un peu plus d’eau au moulin aux colporteurs de ces rumeurs.
« Aucune relation étroite avec les Iquioussen »
Les polémiques autour de son personnage, Hassan Iquioussen les connaît. « Ça ne m’empêche pas de dormir » Lorsque la municipalité a souhaité organiser un rassemblement en hommage au père Hamel, elle a envoyé un courrier formel aux personnes présentes dans le cahier de personnalités de la ville. Les mosquées denaisiennes ont été contactées, au même titre que la synagogue de Valenciennes, « qui n’a pas pu être présente en raison du jour de chabbat, explique-t-on en mairie. On nous a expliqué que personne n’était disponible. » Une version similaire à celle de l’imam Iquioussen. « C’est mon fils Soufiane qui est venu me solliciter, après avoir appris que personne ne pouvait être là. Je lui ai répondu que c’était dommage. Mais du coup, je l’ai fait. »
En mairie, on confirme que « le message aurait été symboliquement plus fort » si le représentant d’une mosquée denaisienne avait pris la parole. « Je n’ai rien demandé, on est venu me chercher, reprend Hassan Iquioussen. Je ne suis pas un politicien, même si j’appelle les jeunes à s’engager. Je suis là pour l’intérêt général. » Oui, le « prêcheur des cités » est un personnage controversé sur certaines choses. « Avant de dire quelque chose, je me renseigne. Mais qu’on me prouve que j’ai tort, et je changerai d’avis. »
En mairie, on assure qu’il n’y a « aucune relation particulière avec la famille Iquioussen », notamment au sujet de ventes immobilières. « Ils ont racheté l’école Sainte-Reine au diocèse de Cambrai. Le bâtiment ne nous appartenait pas. » Pour Hassan Iquioussen, il y a « des personnes malhonnêtes qui colportent des rumeurs. Mon investissement a pour objectif d’améliorer l’intérêt général ». Anne-Lise Dufour a annoncé avoir saisi le procureur de Valenciennes au sujet du dossier Louizi, dans l’attente d’une plainte pour diffamation.
Source :
http://www.lavoixdunord.fr/region/denain-polemique-autour-de-la-presence-d-hassan-ia15b36964n3668628