L’impossible Conseil du culte musulman

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Liens trop étroits avec les pays d’origine, désintérêt des acteurs concernés… Dans La Question musulmane en France, Bernard Godard, le « M. Islam » du ministère de l’Intérieur, raconte le naufrage du CFCM.

L’espoir déçu
Lorsque le Conseil français du culte musulman a été créé en 2003, on pensait que l' »islam de France » était en marche, que les liens avec les pays d’origine des migrants des années 1970 et 1980 allaient se distendre. Non seulement cela ne s’est pas vérifié, mais, bien au contraire, le phénomène de « diaspora » n’a fait que s’amplifier […] la concurrence algéro-marocaine dominant les débats et empoisonnant le climat […]. De 2005 à 2008, la dynamique qui avait permis l’ouverture de plusieurs dossiers importants s’étiole, et le désintérêt des fédérations à faire vivre l’organisation devient évident, même si les conseils régionaux conservent une certaine tonicité en entretenant un lien de confiance avec les autorités administratives locales. […]
Le nombre d’heures passées sur les questions organisationnelles depuis 1999 jusqu’à 2014 se monte à plusieurs centaines, contrairement à l’examen des dossiers du culte qui n’ont jamais suscité un grand intérêt. Après des heures de palabres, ces réflexions débouchent sur un constat selon lequel il faut réévaluer les grandes fédérations qui ont un trop faible étiage de représentation dans les instances, réduire le nombre de membres de l’assemblée générale, et se consacrer aux dossiers prioritaires tels que le halal, les aumôneries, la formation des imams et le pèlerinage. A ce jour, seul le dossier du halal a fait l’objet d’un examen approfondi avec la rédaction d’une charte en 2011, pour aboutir à… un échec !

Une dépendance malsaine
D’abord, le rôle de l’Etat a été à ce point intrusif qu’à quelques exceptions près la plupart des notables se sont installés dans un confortable laisser-aller jusqu’à ce que les ordres du jour finissent par être en partie fixés par le bureau central des cultes du ministère de l’Intérieur. On a bien sûr voulu y voir une sorte de résurgence d’un néocolonialisme mal digéré. Certes, tout le rappelait, mais ce « néocolonialisme » était surtout « enfermant » pour les pouvoirs publics eux-mêmes, car il n’a jamais été possible, à partir de 2005, de faire prendre une décision concrète au CFCM. Certes, l’Etat y trouve toujours son compte dans la mesure où il peut adresser ses voeux annuels au « culte musulman » et où le CFCM sait produire des communiqués convenables en réaction à l’actualité, si le besoin s’en fait sentir.

Guerres intestines
On avait également mal évalué la « résistance » algérienne et la capacité manoeuvrière du recteur Dalil Boubakeur pour batailler contre ce qui prendra la tournure, de manière plus évidente, d’un « hégémonisme » marocain. […] Alger ne démordra jamais de sa position de principe : les musulmans d’origine algérienne sont les plus nombreux en France, donc la GMP [NDLR : la Grande Mosquée de Paris] doit diriger l’islam de France, et le poste de président du CFCM ne peut revenir qu’au recteur de la Mosquée de Paris, laquelle est le symbole de l’islam de France. Peu importe que le réseau de la GMP soit ectoplasmique, ou que l’appartenance religieuse ne se réduise pas à l’origine ethnico-nationale.

Des finances à sec
Le dernier facteur, et non des moindres, qui grève l’existence d’une structure comme le CFCM est sa survie financière, uniquement fondée sur les cotisations de ses adhérents. Ces dernières se sont faites de plus en plus rares, illustrant, s’il en était besoin, la considération que portent la plupart des mosquées à une instance qui est censée les défendre et les représenter. Les cotisations des fédérations elles-mêmes, comme la contribution des pays qui ont financé les cotisations des délégués -principalement Maroc et Turquie-, ne rentrent pas à la cadence promise et sont dépendantes de différents aléas : le CFCM, mal élu en 2013, s’est trouvé confronté à des opposants qui, tous, ont contesté la légitimité des élections. […] Dès lors, le CFCM est obligé d’assurer le lourd règlement de frais de procès et d’avocats qui achèvent de vider ses caisses.
La Question musulmane en France, par Bernard Godard. Fayard, 371p., 20,90€. A paraître le 23 février.

lire l’article de L’EXPRESS en cliquant sur le lien ci-après

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/l-impossible-conseil-du-culte-musulman_1648129.html

happywheels

1 Comment

  1. Alice dit :

    Nicolas Sarkozy a essayé de reproduire une institution sur le modèle du consistoire , il a aussi créé des cours de formation d’imams en France, l’ennui c’est que les mosquées installées ici refusent catégoriquement des imams de formation locale, chacune d’entre elle fait venir ses propres imams et les rémunèrent , j’ai entendu dire que seulement 20% des pseudo-imams en fonction parlaient français .
    tout le reste c’est du cinéma , ne pas oublier les rivalités entre les différents pays du genre de la détestation de l’algérie pour le maroc et réciproquement . Impossible de fédérer des populations islamique meme si elle se prétendent faire partie de la meme religion

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