L’inconnue d’Enghien ou le terrorisme passe-muraille

By  |  1 Comment

Par Jean Chichizola

Siège de la sous-direction de la lutte anti-terroriste à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Depuis 2021, 6 projets d’attentats ont été déjoués. Frédéric Dugit/PHOTOPQR/LE PARISIEN
Prête à passer à l’acte, la jeune femme de 22 ans, interpellée par hasard dans le Val-d’Oise, n’était fichée nulle part.
Une interpellation par hasard, dans une commune tranquille, d’une islamiste totalement inconnue qui, sur les réseaux cryptés, confiait à ses contacts sa volonté de passer à l’acte… Cette affaire inhabituelle et alarmante illustre, selon un expert de l’antiterrorisme, «l’extrême difficulté de repérer des individus “sous les radars” mais qui peuvent basculer à tout moment».
Tout commence le 15 septembre dernier par un contrôle de police non loin du commissariat d’Enghien-les-Bains, dans le Val-d’Oise. Pas tout à fait un contrôle de routine puisqu’il vise une jeune femme de 22 ans portant le niqab. Et contrevenant ainsi à la loi du 11 octobre 2010 selon laquelle «nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage». La jeune femme n’ayant pas de papiers d’identité, les policiers inspectent son téléphone portable… et tombent sur de la propagande islamiste alliée à des recherches sur la fabrication d’explosifs.
Un cutter, encore dans son emballage, est également retrouvé dans son sac. Une perquisition effectuée à son domicile permet de retrouver de nouvelles traces de recherches pour la fabrication de TATP, la «mère de Satan», l’un des explosifs artisanaux particulièrement apprécié par les terroristes islamistes. Ainsi que de la propagande djihadiste et des notes manuscrites sur la commission d’attentats.
Les investigations sur cette islamiste, mise en examen et écrouée le 19 septembre pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle», ont permis par ailleurs de découvrir qu’elle avait confié sa volonté de passer à l’acte à plusieurs de ses contacts sur internet et qu’elle était de surcroît en relation avec des djihadistes installés dans la zone syro-irakienne. Ces contacts, via des messageries cryptées, seront au cœur de l’enquête.
En résumé, l’inconnue d’Enghien était une fanatique très ancrée dans des idées djihadistes, voulant manifestement frapper et cherchant, via ses recherches sur le TATP, les moyens de commettre un attentat à la bombe. Tout en étant susceptible de basculer dans la violence avec des moyens plus rudimentaires (cutter, couteau…). Pour compléter le tableau, la jeune femme, qui n’a pas nié sa radicalisation devant les enquêteurs, souffre de problèmes psychologiques sans toutefois être un cas psychiatrique sévère.
Restent bien sûr les conditions de la neutralisation de cette menace potentielle. La découverte fortuite d’un terroriste en puissance est plutôt rare mais ne constitue pas une exception. En septembre 2017, un plombier intervenant sur une fuite avait ainsi repéré, en regardant par une fenêtre, ce qui s’était avéré être un atelier de fabrication artisanale de TATP à Villejuif (Val-de-Marne). Alertés par le plombier perspicace et citoyen, les policiers avaient interpellé deux individus, radicalisés mais au casier judiciaire vierge et inconnus des services spécialisés.

La jeune femme interpellée à Enghien-les-Bains, également inconnue pour des faits de terrorisme, n’était, quant à elle, pas passée aux travaux pratiques. L’affaire est d’autant plus intéressante qu’elle repose la question de la détection des critères de la radicalisation et du passage à l’acte des radicalisés. Le tout dans un contexte où la menace terroriste islamiste, en France et à l’étranger, est plus que jamais présente.
Le 2 septembre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, rappelait depuis le siège de la DGSI, chef de file en matière de lutte antiterroriste, que, depuis 2021, 6 projets d’attentats ont été déjoués. Il soulignait aussi que les terroristes islamistes ont tué deux fois: à Rambouillet, le 23 avril 2021, avec l’assassinat d’une policière, et à Arles, le 2 mars 2022, avec le lynchage d’Yvan Colonna par un codétenu islamiste.
Source

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-inconnue-d-enghien-ou-le-terrorisme-passe-muraille-20221002

happywheels

1 Comment

  1. Roni dit :

    Tous les individus islamises par leur tenue vestimentaires et leurs propos sont des bombes a retardement

Publier un commentaire

Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.