Oskar Gröning, l’ancien nazi qui déballe tout

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Comptable à Auschwitz entre 1942 et 1944, Oskar Gröning s’est accommodé des horreurs de la guerre. Et il a décidé de tout raconter lors de son procès qui s’ouvrira mardi.
Il n’a pas caché son adhésion fervente au nazisme, a spontanément décrit son quotidien à Auschwitz et se débat depuis avec sa conscience. «Je n’ai jamais trouvé la paix intérieure», soufflait fin 2014 le vieil homme au quotidien Hannoverische Zeitung, quelques mois avant l’ouverture ce mardi à Lunebourg (nord) de son procès pour «complicité de 300 000 meurtres aggravés». Désormais veuf et diminué, il garde un point commun avec le jeune militaire au visage triste, barré de fines lunettes, photographié pendant la Seconde guerre mondiale: son groupe sanguin, O, tatoué sur le bras gauche, comme tous les soldats SS.

À la différence de nombre d’anciens nazis, Oskar Gröning n’a dissimulé ni son engagement dans les Waffen SS en 1941, attiré à 20 ans par «l’élégance de l’uniforme», ni l’application qu’il mettait à son travail de comptable à Auschwitz entre 1942 et 1944. «Son histoire, une histoire allemande, est une histoire de séduction et de fanatisme, de criminels et de leurs complices, de ce qu’est vivre en se sentant coupable», écrivait en 2005 l’hebdomadaire «Der Spiegel», auquel l’ancien soldat avait accordé deux jours d’entretien.
Elle commence sur les cendres de la Première guerre mondiale, avec la naissance de Gröning en 1921 près de Brême (nord) dans une famille nationaliste hantée par la défaite. Orphelin de mère à 4 ans, il grandit avec son père, ouvrier membre du groupe paramilitaire Der Stahlhelm. Intégré à l’organisation de jeunesse du Stahlhelm, il baigne dans une ambiance belliqueuse et antisémite et sidère en 2005 son interlocuteur du Spiegel en fredonnant, perdu dans ses souvenirs: «Et lorsque le sang juif coulera de nos couteaux, tout sera bon à nouveau».

«À l’époque, nous ne réfléchissions même pas à ce que nous chantions», s’était repris le vieil homme, grand et «d’allure puissante», dos droit et abondante chevelure blanche. Plus porté sur les chiffres que sur les armes, Gröning rejoint un poste administratif dès son entrée chez les SS, avant d’être affecté en 1942 à Auschwitz, en Pologne occupée, pour collecter les billets de banque des déportés et les envoyer à Berlin. «J’ai vu pratiquement toutes les devises du monde», résume l’ex-nazi, occupé à trier les zlotys des drachmes, florins et lires, pendant que plus d’1,1 million de leurs propriétaires mouraient dans les chambres à gaz, par arme à feu, de malnutrition ou de mauvais traitements.
À l’époque, le jeune soldat adhère au principe de l’extermination, «un outil pour mener la guerre avec des méthodes avancées». Mais lorsqu’il voit un soldat tuer un bébé en le lançant contre la paroi d’un wagon, tout juste arrivé, il demande immédiatement son transfert au front. Sa requête est rejetée, comme deux demandes ultérieures, et le comptable finit par s’accommoder de son existence au camp. L’ordinaire est meilleur qu’au front, les soldats jouent aux cartes et boivent beaucoup, éteignant les lumières à coups de feu lorsqu’ils sont ivres.
Revenu après guerre dans sa région natale, Gröning se marie, a deux fils et travaille dans une verrerie. Mais à la retraite, son passé le rattrape en 1985, lorsqu’un membre de son club de philatélie lui confie un ouvrage négationniste, déplorant l’interdiction de contester la Shoah. La démarche insupporte l’ancien soldat, qui retourne le livre avec un court commentaire – «J’étais là, tout est vrai» -, se lance dans l’écriture d’un mémoire de 87 pages pour ses proches, puis témoigne en 2003 dans un documentaire de la BBC et dans la presse allemande.
«Je décrirais mon rôle comme celui d’un petit rouage. Si vous qualifiez ça de culpabilité, alors je suis coupable. Mais juridiquement parlant, je suis innocent», martèle Gröning d’interview en interview, demandant pardon aux victimes de la Shoah tout en rejetant toute responsabilité pénale. Mais le vieil homme n’a jamais invoqué son état de santé pour échapper à la justice et ouvrait encore sa porte au quotidien Die Welt, à la veille du procès. «Allez-vous parler ?», lui demandait le journaliste. «Si je suis encore en vie, oui», répondait Gröning

source :
http://www.lessentiel.lu/fr/news/monde/story/15208008

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extrait de sa fiche wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Oskar_Gr%C3%B6ning

Gröning mena une vie normale et bourgeoise après la guerre. Collectionneur de timbres assidu, un jour qu’il assistait à la réunion annuelle de son cercle philatéliste, plus de quarante ans après la guerre, il engagea une conversation sur la politique avec son voisin18. Ce dernier lui déclara qu’il était « terrible » que la négation de l’holocauste soit illégale en Allemagne et se mit à expliquer à Gröning comment il était impossible de brûler autant de corps et que les quantités de gaz qui étaient supposées avoir été utilisées auraient dû tuer tout organisme vivant dans le voisinage.
Gröning ne rétorqua rien à ces déclarations18, se bornant à répondre « je connais un peu plus de choses à ce sujet, nous devrions en discuter à l’occasion »2. Son interlocuteur lui recommanda un pamphlet rédigé par le négationniste Thies Christophersen2. Gröning en obtint une copie et l’envoya par la poste à Christopersen, après y avoir inclus son propre commentaire, qui comprenait ces mots :
« J’ai tout vu, les chambres à gaz, les crémations, le processus de sélection. Un million et demi de Juifs ont été assassinés à Auschwitz. J’y étais ».
Gröning commença alors à recevoir des appels téléphoniques d’étrangers qui essaient de lui expliquer qu’Auschwitz n’était pas réellement un endroit où on exterminait des êtres humains dans des chambres à gaz18.
Il devint évident que ses commentaires condamnant le négationnisme de la Shoah avaient été imprimés dans une revue néo-nazie et que la plupart des appels et lettres anonymes émanaient de « gens qui essaient de prouver que j’avais vu de mes propres yeux, que j’avais vécu à Auschwitz, était une grosse, grosse erreur, une grosse hallucination de ma part car cela ne s’était pas produit »
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En réponse à ces commentaires, Gröning décida de parler ouvertement de son expérience et de dénoncer publiquement les personnes qui soutenaient que les événements auxquels il avait assisté n’avaient jamais eu lieu18. Il déclara que son message aux négationnistes est le suivant :
« Je souhaiterais que vous me croyez. J’ai vu les chambres à gaz. J’ai vu les crématoires. J’ai vu les feux ouverts. Je me suis trouvé sur la rampe lorsque les sélections avaient lieu. Je voudrais que vous croyez que ces atrocités se sont produites car j’y étais ».
Il écrivit également des mémoires d’un total de 87 pages à l’intention de sa famille2,18.

Gröning refuse de se considérer lui-même comme coupable de quelque crime que ce soit, insistant sur le fait qu’il n’a pas été directement impliqué dans les massacres17. Il décrit son implication dans la machine d’extermination comme un involontaire « petit rouage dans le mécanisme », ce qui lui a donné en retour une culpabilité involontaire2. Citant ses comparutions en vue de témoigner contre un membre de la SS accusé d’avoir assassiné des prisonniers à Auschwitz, il déclare également être considéré innocent aux yeux de la loi, soulignant le fait qu’il s’exprima en qualité de témoin et non d’accusé2.
Bien que Gröning demanda à quitter Auschwitz après avoir assisté aux tueries, Laurence Rees écrit que ce ne le fut qu’en raison de son implication pratique, et que Gröning n’avait pas d’objections sur le principe même de l’extermination des Juifs1. En raison de toute la propagande nazie à laquelle il avait été soumis, il pensait en effet qu’il était justifié que les ennemis de l’Allemagne fussent détruits, ce qui fit que les moyens employés pour les détruire (comme les chambres à gaz) le laissèrent indifférents2. Pour cette raison, il déclare que les sentiments qu’il éprouvait en voyant des gens dont il savait qu’ils n’avaient plus que quelques heures à vivre avant d’être gazés étaient « très ambigus »1. Il explique que les enfants étaient assassinés parce que, bien que les enfants eux-mêmes ne fussent pas l’ennemi, le danger était le sang qui circulait dans leurs veines, qui pouvait avoir pour conséquence qu’en devenant adultes, ils pouvaient devenir des Juifs dangereux1. Rees attribue à l’éducation ultra-nationaliste reçue par Gröning le fait qu’il fût capable de justifier l’extermination de femmes et d’enfants sans défense1. Gröning dit que les horreurs de la chambre à gaz finirent par l’atteindre lorsqu’il entendit les hurlements20. Rees écrit que Gröning décrit son séjour à Auschwitz comme s’il parlait d’un autre Oskar Gröning à Auschwitz et, par conséquent, le Gröning d’après la guerre s’exprime plus franchement à propos de son temps à Auschwitz en différenciant le Gröning qui contribua à la gestion d’un camp d’extermination du Gröning moderne qui condamne l’idéologie nazie21.
Gröning dit que les hurlements de ceux qui périssaient dans les chambres à gaz ne l’ont jamais quitté et qu’il n’est jamais retourné à Auschwitz en raison de la honte qu’il éprouve20. Il explique qu’il se sent coupable à l’égard du peuple juif et pour avoir été membre de l’organisation qui commis les crimes contre eux, bien qu’il « n’a pas lui-même été un des exécutants20. Il demande le pardon de dieu et du peuple juif20.
Oskar Gröning doit être jugé en avril 2015 au tribunal de Lunebourg: Il est accusé de « complicité de meurtres dans au moins 300.000 cas »22.

happywheels

10 Commentaires

  1. CHARLES ( COMME CHARLIE) dit :

    Bonjour, souhaitons qu’il ne meure pas avant la fin de son procès et que ce soit retransmis au public de façon que les Peuples du monde entier puissent être informés et que soit envoyé un extrait à jm le Pen !.

  2. Delphine 27340 dit :

    Le témoignage de cet homme sera à mon avis une excellente chose. Le fait qu’il décide de parler de son expérience sera un enrichissement pour l’histoire, mais cela aura-t’il une influence positive sur les négationnistes ?
    Je ne pense pas que ce procès change leur façon de penser, ces gens sont haineux et stupides. Nous en avons un beau spécimen dans la sphère publique : Jean-Marie Le Pen.

  3. claude dit :

    Petit commentaire car cet homme est loin de n’etre qu’un simple rouage de la machine. L’article ne dit pas comment ils se servait dans les masses d’argent et effet personnel prises au victimes avant leur morts. Le documentaire « Auchwitz, la solution finale » montre d’ailleurs comment il a echappé a une enquete des SS pour vol. Alors qu’il était en permission son vestiaire personnel a été scellé par des enqueteurs de la SS qui attendait son retour pour faire une fouille, a son retour Oskar Gröning constatant qu’il risquait gros a demonté l’arriere de son vestiaire pour faire disparaitre discretement les objets volés. Il a ensuite remonté l’arriere de son vestiaire comme si de rien était, quand les SS ont fouillé ils n’ont bien sur rien trouvé…

  4. Géli dit :

    Ce sont surtout les petits rouages qui comptent. Sans eux, l’extermination de 6 millions de juifs(et d’autres) n’aurait jamais eu lieu. Il n’y a pas d’innocents dans ce camp, il n’y en aura jamais.

  5. David dit :

    Si à Auschwitz-Birkenau , les ensembles chambres à gaz-fours crématoires ont été détruits par les S.S. , pour cacher inutilement leurs crimes , et ce bien avant l’arrivée des soldats soviétiques , en Janvier 1945,

    Celui existant à Auschwitz 1 est toujours en place

    Il suffit de se rendre sur place ou de tourner les pages d’un livre sur le camp devenu musée pour le voir et s’en rendre compte

    Ceux qui affirment que les chambres à gaz n’ont pas existé sont de sales et stupides menteurs.

  6. Mordechai.A dit :

    Son témoignage est très important, notamment pour lutter contre le négationnisme. Il semble éprouver des remords sincères.
    Peut on envisager de lui pardonner dans ces conditions? A titre personnel, je crois qu’il faut envisager cette possibilité, mais il faut quand même bien réfléchir…

  7. Cathy dit :

    Pas de pardon possible pour cet assassin…

  8. Paucker dit :

    Quelqu’un connait le nom de ses mémoires ? Je fais l’histoire des arts sur la seconde guerre mondiale et j’ai pris le point de gvue des gens en France , en Amérique , d’Anne Frank ( une juive persécutée) , en espagne et je cherche un livre témoignage dun ancien nazi

  9. Brauer dit :

    J’ai vu le documentaire sur Gröning qui « parle » et « témoigne » sur les atrocités commises. Tout comme Claude, je n’ai perçu aucun sentiment de remords ni de honte, encore moins de culpabilité. J’ai entendu à travers ce « témoignage », qqun qui minimisait. Biensûr qu’il ne pouvait ignorer les faits. Je pars du principe que « juger est quelquefois un plaisir, comprendre en est toujours un » et à aucun moment, tout le long de cette video, je n’ai jamais eu le sentiment de qqun concerné par les victimes, mais plutôt de qqun (et nombre de ses congénères, présents au moment des faits), faisant abstraction de l’horreur se déroulant et profitant de l’occasion « IIIe Reich, camps de concentration, extermination, dépouillement » pour « s’en mettre plein les poches ». J’ai eu le sentiment de qqun parlant comme s’il s’agissait d’une opportunité offerte par les circonstances de la Shoah pour se « faire ou refaire » une « santé financière » plus qu’autre chose. Jamais aucun remords de la provenance des « fonds » qui lui ont permis de subsister après la guerre de façon plus que confortable ! J’ai lu et vu bon nombre de témoignages sur ces bourreaux ou « temoins passifs » : ils s’en sont bien sortis et tant pis pour les victimes, qui en ont fait les « frais », et qui leur ont quand même permis de s’en sortir plus que bien après…. A l’entendre, c’était « une autre époque »…. A l’entendre aussi, « il ne risque rien…. ». Sur ce sujet là, il devient beaucoup plus « corrosif » : les circonstances étant, autant en profiter, peu importe « comment »….

  10. hunders dit :

    Comment se fait-il qu’il y ai eu si peu de repentis chez les nazis, on a finalement assez peu de témoignages de leur part il me semble, je suis novice en la matière.

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