VIDEO : «Le but, c’était de les avoir vivants» : un ancien du GIGN raconte l’assaut contre les frères Kouachi

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Ce militaire de 42 ans était dans l’équipe qui a mis hors d’état de nuire les terroristes qui ont semé la mort à Paris il y a six ans jour pour jour. Alors qu’il apporte son témoignage dans un livre, nous l’avons rencontré.
Par Nicolas Goinard
l ferme les yeux et revit sa préparation. «J’ai un chargeur là, je passe par là», décrit-il. Comme un skieur alpin, il visualise, penche la tête et dirige ses doigts à la manière d’un chef d’orchestre. «Chacun a sa technique pour se concentrer», note Romain Agure, 42 ans. Un nom d’emprunt pour un ancien membre du GIGN qui, il y a six ans jour pour jour, le 9 janvier 2015, participait à l’assaut contre les frères Kouachi dans la cour d’une imprimerie à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne).

Jeudi, sort le livre «Kouachi l’assaut final» (éditions Ring) qu’il a écrit pour raconter cet événement de l’intérieur. «Je me suis rendu compte qu’il y avait une interprétation de la part du public sur ce qu’on avait fait là-bas, explique-t-il. J’ai entendu des gens dire : Ils ont bien fait de les buter. Notre objectif, c’était de les interpeller vivants. Mais on a été contraints de les neutraliser.»

Il le reconnaît, cette intervention a été l’une des plus marquantes de ses sept ans passés au GIGN. Pour son groupe, l’engagement à la poursuite des frères Kouachi après l’attentat commis dans le
Il le reconnaît, cette intervention a été l’une des plus marquantes de ses sept ans passés au GIGN. Pour son groupe, l’engagement à la poursuite des frères Kouachi après l’attentat commis dans les locaux de «Charlie hebdo» commence dès le 7 janvier 2015 au soir. Les événements s’étant déroulés dans la capitale, la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) et le Raid sont d’abord aux manettes. « On attendait, mais on a chargé les véhicules », rembobine Romain.
Les hommes du «GI» étudient aussi les deux frères. Ils visionnent les images prises dans les rues de Paris. Leur façon de tenir leurs armes, de se déplacer. Les gendarmes sont engagés quand la présence des Kouachi est confirmée au nord de Paris. Le 8 janvier, ils sont sur le terrain dès 8 heures après le braquage de la station-service Avia sur la N2 à Villers-Cotterêt (Aisne). Pour les faire sortir du bois, le dispositif est finalement allégé. «L’idée est de relâcher la pression pour leur faire croire qu’ils peuvent passer», décrit Romain. Et ça fonctionne.
Le 9 janvier, il est aux alentours de 9 heures quand ils sont localisés dans la zone artisanale où se trouve l’imprimerie de Dammartin-en-Goële. Les gendarmes départementaux ont essuyé des tirs. Dans cet échange de coups de feu, Chérif Kouachi a été blessé au cou. «On était en route, quand c’est arrivé, reprend Romain. On a stoppé les véhicules de la colonne dans une grande rue.»
Ils ne savent pas exactement où sont les deux terroristes. L’otage Michel Catalano − qui signe la préface de ce livre − est libéré à ce moment-là. «Je me souviens de son regard, continue Romain. Il était très choqué, marqué. Je lui ai fait un geste pouce index pour lui dire que ça allait aller…» Il reprend : «C’est un héros. Il n’est pas formé, pas recruté pour faire face à des terroristes et pourtant il a appliqué tous les principes de base. Il a parfaitement agi, notamment quand il dit à son collaborateur de se cacher et de couper son portable.»
Romain, lui se poste sur le toit d’un entrepôt voisin avec un fusil d’assaut et une lunette d’aide de visée. Il voit dans les locaux l’un des deux frères. Quand il entend sur les ondes qu’un briefing s’organise, il redescend. Il veut en être. Dans l’imprimerie, le silence règne. Les gendarmes n’ont aucun contact avec les Kouachi. «BFM en les appelant a pétardé toute possibilité d’avoir une discussion avec eux, estime Romain. Ils ont revendiqué et n’avaient plus rien à dire.»
A 15 heures, le plan d’action est validé. A 16h50, tout le monde se met en place autour des véhicules d’assaut Sherpa. Si Romain a alors peur ? «Oui, celui qui n’a pas peur devient dangereux», répond-il. Les gendarmes blaguent même pour évacuer la tension : «On se dit qu’on ne meurt pas d’une balle dans le bras tout en sachant qu’on a d’autres zones qui peuvent être touchées. Les balles peuvent traverser les casques.»
Alors qu’ils sont en train de se positionner, la radio grésille. «Ça bouge à l’intérieur», entend-on. La porte s’est entre-ouverte. Puis les deux frères sortent. Déluge de feu. «Ils sont à notre droite à une quinzaine de mètres, se remémore Romain. L’assaut est déclenché. Saïd est devant la façade, Chérif à l’angle. Ils sont hypermobiles, signe qu’ils connaissent le concept d’infériorité numérique. On a beau être de bons tireurs, c’est toujours plus difficile de toucher une cible mobile.»

Mais les Kouachi ont aussi du mal à viser et leurs balles taillent les haies. Un opérateur du GIGN reste caché derrière un arbre. Un autre fait un roulé-boulé pour se réfugier derrière une 206 grise qui finit criblée de projectiles.
Romain et son groupe doivent poursuivre leur mission et entrer. «Je n’ai pas tiré et j’en suis fier», dit-il. Il s’éloigne quand la radio annonce que les Kouachi sont neutralisés. Aucun gendarme n’a été touché. Romain conclut : «Après, quand on range le matériel on se dit : C’est pas passé loin…»
24 décembre 1994, le vol AF8969 qui doit relier Alger à Paris est détourné par quatre terroristes qui se revendiquent du GIA (Groupe islamique armé). Romain Agure a 15 ans et il est scotché devant sa télé. Il suit l’assaut du GIGN sur le tarmac de Marseille-Marignane, filmé en direct. C’est une révélation. «Tous les choix que j’ai faits par la suite ont lien avec cette envie d’intégrer le Groupe», explique-t-il.
Cela devient son Graal. Sportif de haut niveau, il passe d’abord par l’Armée de Terre avant d’entrer en gendarmerie mobile dans un escadron spécialisé montagne. En 2009, il est admis au GIGN et sillonne la France dans les groupes d’alerte. «Je n’ai pas beaucoup vu ma femme, poursuit-il. On pouvait partir en Corse, remonter, s’arrêter à Lyon sur une extorsion de fonds, aller sur une prise d’otages à Besançon.»
Entrer dans le GIGN est une vocation, qui offre peu de jours de permission. Lorsqu’il a quitté le Groupe, Romain aurait pu se mettre un an en vacances… Au total, il aura effectué entre 50 et 80 opérations. «Certains les notent, pas moi. J’aurais dû», sourit-il. Aujourd’hui, il est toujours dans la gendarmerie mais reste discret sur ses fonctions.
Source :
https://www.leparisien.fr/faits-divers/le-but-c-etait-de-les-avoir-vivants-un-ancien-du-gign-raconte-l-assaut-contre-les-freres-kouachi-09-01-2021-8418105.php



les 2 frères Kouachi morts. Regrettons qu’ils aient été enterrés en France

happywheels

2 Commentaires

  1. limone dit :

    on comprend mieux pourquoi le réveillons
    était limité a 6 personnes a partir de 7
    une compagnie de crs est incapable de
    maîtriser les individus énervés
    en france

  2. Paul06 dit :

    Un mot sur l’inconscience mercantile de BFM

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