Douglas Murray : « Je n’ai jamais vu aucun pays faire l’objet d’autant de mensonges qu’Israël »

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GRAND ENTRETIEN – L’essayiste britannique conservateur s’est installé plusieurs mois en Israël après le 7 Octobre. Dans son nouveau livre, il relate ce qu’il a vu et entendu sur le terrain. Et déconstruit le narratif accusatoire porté par la gauche et les institutions internationales.
Douglas MURRAY. – Je suppose qu’il y a deux raisons à cela. La première est d’ordre rationnel. Depuis environ vingt-cinq ans que j’écris des livres et des articles, j’ai essayé de défendre les fondements de la civilisation occidentale. J’ai toujours observé que les personnes qui détestent la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le reste de l’Occident détestent également Israël. En fait, elles le détestent encore plus. Et les crimes dont elles accusent l’Occident, elles les reprochent également à Israël. D’une certaine manière, je pense que les djihadistes, les extrémistes de gauche et de plus en plus souvent les extrémistes de droite ont bien choisi leur cible.
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Ils voient à quel point Jérusalem est centrale pour l’Occident. Ils pensent qu’Israël est plus facile à détruire que la France ou les États-Unis, et ils essaient donc de s’en prendre à lui en premier. J’ajouterai que depuis une vingtaine d’années que je passe du temps en Israël et dans le reste du Moyen-Orient, je n’ai jamais vu un pays faire l’objet d’autant de mensonges. Pas même mon pays natal, la Grande-Bretagne ou mon pays d’adoption, les États-Unis. Mais il y a aussi la question du cœur. Je ressens un lien profond avec le peuple israélien, je suis saisi par sa volonté de survivre et sa compréhension profonde de la nécessité qu’il y a, pour vivre pleinement, d’être prêt à se battre.
N’est-ce pas une erreur, des deux côtés, d’importer ce conflit ? Les Israéliens affirment souvent qu’ils se battent aussi pour l’Europe, voire pour tous les pays occidentaux ; partagez-vous ce point de vue ?
Excusez-moi, mais c’est nous, en Occident, qui avons « importé » ce conflit. Si l’Europe et la Grande-Bretagne n’avaient pas importé des millions de personnes issues du monde musulman qui n’ont jamais affronté leur propre antisémitisme – et qui, en fait, s’en délectent –, nous n’aurions pas les guerres du Moyen-Orient qui se déroulent dans nos rues. Ce sont les musulmans de nos pays qui parlent sans cesse de la « Palestine ». Ce sont eux qui pensent qu’on peut détruire des bâtiments à Milan si le gouvernement italien ne reconnaît pas la Palestine, ce pays inexistant.
Si certains d’entre nous souhaitent s’opposer à cela, ce n’est pas de notre faute – même si c’est notre droit. Je me révolte contre le fait que nos sociétés aient été si stupides dans leurs politiques d’immigration, inconséquentes au point d’importer en Europe une nouvelle génération d’antisémites, des gens qui éprouvent de la haine ou du mépris pour nos propres sociétés. Si nous n’avions accueilli que des musulmans progressistes et assimilés, ce serait autre chose. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agit d’un problème générationnel, et peut-être même existentiel pour nous, en Europe. Mais j’ai expliqué cela dans mon livre L’Étrange Suicide de l’Europe.
Vous expliquez que dès le soir du 7 Octobre, le soutien à Israël s’est évaporé. À Londres, une foule massive a même organisé une manifestation violente devant l’ambassade israélienne. Comment expliquez-vous un tel revirement ?
Comme je l’ai dit dans un discours prononcé à Paris l’année dernière, il faut vraiment se rendre compte de ceci : après le 7 Octobre, il n’y a pas eu un seul rassemblement majeur en Occident contre le Hamas, le Jihad islamique, le Hezbollah ou le gouvernement islamique révolutionnaire iranien qui est à l’origine de tout cela. Pas un seul. Au contraire, semaine après semaine, des manifestations ont eu lieu contre Israël pour s’être défendu contre ces fanatiques islamistes, adorateurs de la mort. Les gens ont crié au « génocide », au « nettoyage ethnique », aux « colonisateurs », etc., dès le jour où le massacre a commencé, et même avant.
Comme je l’ai dit, cela s’explique en partie par les personnes que nous avons importées. Mais nous ne devons pas ignorer la tendance de certains Occidentaux à se joindre à ce ramassis de mensonges. Après tout, il est très commode pour certains Européens de pouvoir accuser l’État juif de crimes dont les Européens se sont rendus coupables au XXe siècle. Pascal Bruckner, entre autres, a abordé cette question. Il s’agit d’un désir psychologique profond dans certaines régions d’Europe en particulier, et maintenant aussi chez une nouvelle génération aux États-Unis à qui on a dit que les Américains étaient eux-mêmes coupables (par héritage) de génocide, de nettoyage ethnique, de suprématie blanche, de colonialisme, etc.

Lors du rassemblement du 21 octobre 2023, l’un des orateurs à Londres a crié : « Quelle est la solution pour libérer le peuple du camp de concentration appelé Palestine ? » En réponse, la foule a scandé : « Djihad, djihad, djihad ! » Le problème du communautarisme islamiste touche de nombreux pays en Europe, dont la France. Mais est-il également répandu en Angleterre ? Est-il lié au multiculturalisme britannique ?
Ce phénomène est au moins aussi courant en Grande-Bretagne qu’en France. Le gouvernement français est toutefois plus à même de mettre fin à ce type de manifestations. Et en raison des multiples attentats terroristes islamistes graves qui ont frappé la France au cours de la dernière décennie, j’ai l’impression que la tolérance envers les partisans de l’« intifada » y est moins grande que chez nous où nous restons dans le déni face aux radicaux locaux et importés. La Grande-Bretagne continue de prétendre que le problème n’existe pas. Ainsi, même si la France est davantage confrontée à ces mêmes questions, elle est aussi beaucoup plus avancée dans sa lutte contre celui-ci.

Comment expliquez-vous la complaisance de la gauche envers l’islamisme et même envers le Hamas ?
En fait, la gauche radicale estime que les partisans du Hamas constituent l’avant-garde de leur projet de renverser l’État-nation capitaliste occidental. Les islamistes considèrent l’extrême gauche comme des idiots très utiles qui peuvent les aider à grossir leurs rangs. La question n’est pas de savoir quand cette alliance se brisera, mais plutôt qui dévorera qui en premier. D’après ma lecture de l’histoire, notamment celle de la révolution islamique en Iran en 1979, si l’alliance islamo-gauchiste l’emporte, la gauche sera la première à être éliminée, ou peut-être la deuxième. Nous en avons eu une illustration parfaite récemment en Angleterre. Il avait été annoncé qu’un rassemblement contre l’immigration massive allait avoir lieu dans un quartier de l’est de Londres à majorité musulmane.
Les radicaux de gauche partisans de l’ouverture des frontières se sont présentés pour s’opposer à ceux qu’ils qualifient d’extrême droite. Mais ils ont été largement surpassés en nombre par une meute de voyous musulmans masqués, vêtus de noir. L’un d’eux a bousculé un manifestant d’extrême gauche chétif qui lui a dit : « Nous sommes du même côté. » « Non, nous ne le sommes pas », a répondu le voyou vêtu de noir et au visage couvert. Le voyou avait raison. La question est simplement de savoir combien de temps il faudra aux gauchistes pour s’en rendre compte. Mais peut-être n’y parviendront-ils jamais.

Votre livre relate également ce dont vous avez été témoin sur le terrain pendant la première année du conflit. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? Trouvez-vous crédible l’accusation de génocide portée contre Israël ?
L’accusation de « génocide » est une calomnie délibérée et un mensonge. Si Israël avait voulu commettre un génocide à Gaza, il aurait pu le faire, mais ce n’est bien sûr pas le cas et cela ne l’a jamais été. L’armée israélienne a mené l’un des conflits urbains les plus complexes de l’histoire moderne, tout en s’efforçant de limiter les pertes civiles.
Si certains en doutent, ils devraient se demander pourquoi même les chiffres les plus élevés avancés par le ministère de la Santé du Hamas ne sont pas dix fois plus élevés, voire plus. En outre, ceux qui souhaitaient accuser Israël de génocide à Gaza le faisaient déjà bien avant le début de cette guerre, et le font toujours depuis le 8 octobre 2023. Il est tragique que tant de personnes croient à cette calomnie.
Le peuple d’Israël a montré depuis le 7 Octobre, et même dès le 7 Octobre, ce que signifie se battre pour la vie, lutter contre les islamistes qui adorent la mort et qui nous massacreraient tous s’ils en avaient l’occasion.
Douglas Murray
Si vous vous êtes rendu dans les territoires palestiniens, vous avez principalement observé le conflit du point de vue israélien. Votre analyse n’est-elle donc pas partiale ?
Pas du tout. J’ai passé beaucoup de temps dans les zones palestiniennes en Israël, à Gaza et en Judée-Samarie (Cisjordanie). Il m’est arrivé d’entendre des commentateurs m’attaquer parce que j’étais intégré à l’armée israélienne, mais si vous faites des reportages à Gaza, vous ne pouvez le faire qu’avec l’armée israélienne ou le Hamas. Je préfère l’armée israélienne. Il en va de même pour le Liban. J’aurais pu m’intégrer au Hezbollah ou à l’armée israélienne. Là encore, j’ai choisi l’armée israélienne. Mais je trouve très étrange que l’on me critique pour cela.
Ces dernières années, d’excellents reportages ont été réalisés en Ukraine, notamment par votre compatriote Bernard-Henri Lévy. Quand il est en Ukraine, ou quand moi-même et d’autres journalistes et reporters occidentaux y sommes, nous sommes intégrés aux forces armées ukrainiennes sur le front. Quand je reviens d’Ukraine, personne ne m’attaque parce que je n’étais pas intégré à l’armée de Vladimir Poutine. On comprend pourquoi je ne l’étais pas. Mais comme toujours, avec Israël, un autre standard s’applique.
Vous avez été impressionné par le patriotisme et la résilience des Israéliens. Que peuvent-ils nous apprendre sur nous-mêmes ?
Comme je le dis vers la fin du livre, le peuple d’Israël a montré depuis le 7 Octobre, et même dès le 7 Octobre, ce que signifie se battre pour la vie, lutter contre les islamistes qui adorent la mort et qui nous massacreraient tous s’ils en avaient l’occasion. Il faudra lire le livre pour connaître mes conclusions, mais j’ai été profondément ému ces deux dernières années de constater qu’une question que je me posais depuis le 11 Septembre, depuis Charlie Hebdo , depuis le Bataclan et depuis toutes les autres horreurs auxquelles nous avons été confrontés, avait trouvé une réponse. À ma grande satisfaction et à mon grand soulagement, et j’espère aussi à ceux de mes lecteurs.

Les Démocraties et la Mort. Israël, l’islamisme et nous, de Douglas Murray, Le Toucan/L’Artilleur, 288 p., 22 €. Le Toucan/L’Artilleur
Source Le Figaro

happywheels

1 Comment

  1. benjamin dit :

    il y a tout de meme des petites etincelles d espoir ici ou la!comme en iran actuellement ou des centaines de gens se font filmer en train de bruler une photo du guide supreme !de la vieille saloperie d ali khamenei !!malgrè le risque bien reel de se faire tuer !!!!

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