Israel- Quand la Cour suprême censure une caricature
Un nouveau pas a-t-il été franchi aujourd’hui? Depuis ce matin (jeudi), une caricature fait l’objet de toutes les discussions. Signée Ori Reichert pour l’hebdomadaire sioniste religieux, Shevii, elle représente Esther Hayot, la présidente sortante de la Cour suprême, le pied sur le dos d’un soldat, apparemment mort, et lui plantant dans le dos un drapeau représentant le symbole de la Cour suprême.
Cette caricature fait référence aux deux décisions dramatiques prises cette semaine par la Cour suprême, celle qui invalide la loi sur la clause de raisonnabilité et celle qui tranche que la loi sur la suspension du Premier ministre est une loi personnelle et ne sera appliquée que lors de la prochaine Knesset. Le dessinateur a voulu représenter, de manière provocatrice, l’indignation de nombreux Israéliens qui ont trouvé qu’en prenant ces décisions clivantes en pleine guerre, la Cour suprême a affiché un mépris des soldats qui sont en train de donner leur vie en ce moment pour défendre l’Etat.
La caricature n’a pas été du goût de tous. Les médias sociaux se sont enflammés, une partie de la gauche a crié à l’incitation à la haine et a dénoncé un dessin immonde. Une partie de la droite aussi ne s’est pas privée de dire qu’elle trouvait la caricature déplacée.
Mais l’apogée a été atteint quand la Cour suprême a envoyé une lettre à la rédaction de Shevii et au dessinateur pour leur faire part de leur indignation face à un tel dessin et exigé qu’il soit tout simplement retiré du journal.
Le ministre des Télécommunications, Shlomo Karhi, a immédiatement réagi par un courrier à la Cour suprême, rappelant que la Cour n’avait aucun pouvoir de censure et il prévient que cette attitude de la Cour suprême fera l’objet de discussions au sein du gouvernement. Il demande à la Cour suprême de respecter la liberté de la presse et la liberté d’expression.
Finalement, Shevii a cédé et la caricature de Reichert a été retirée.
De nombreuses personnes ont dénoncé l’hypocrisie de la Cour suprême et de ceux qui ont critiqué la caricature de Reichert, constatant que lorsque la caricature ou la satire viennent de gauche, personne n’y trouve à redire, mais si elles viennent de droite, on cherche à les censurer.
Par exemple, il y a deux jours à peine, le dessinateur de Haaretz, Amos Biderman, a représenté la ministre Orit Struck sur un balai de sorcière une bombe à la main prête à la jeter sur des avions de Tsahal parce que, selon la légende, ”il y a des gauchistes ici”. Aucun des indignés de la caricature de Reichert ne s’est manifesté à ce moment-là. Et Biderman n’en est pas à son coup d’essai, ses représentations d’orthodoxes avides d’argent n’ont rien à envier aux dessins antisémites. Et là aussi, personne n’a jamais demandé à Haaretz de retirer les caricatures de Biderman.
Et c’est sans parler des nombreuses affiches faisant passer Netanyahou pour Hitler ou Erdogan ou appelant tout simplement à le pendre. La Cour suprême ou la conseillère juridique du gouvernement n’ont jamais estimé qu’il s’agissait, là, d’une limite franchie.
Source
happywheels
Quand vas-t-on réformer cette Cour Suprême qui se croit intouchable.
ROSA
Haaretz aurait il publié cette caricature? Ou a t il protégé Esther de cette caricature delicieuse et appropriée? La Cour Supreme est un danger pour la Démocratie israelienne.