Les Merah, l’effroyable dérive d’un clan fanatisé

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ENQUÊTE – De Mohamed, le tueur de Toulouse, à Sabri Essid, le demi-frère, bourreau de Daech, en passant par Abdelkader, le frère incarcéré, ou le père, tout juste expulsé de France, cette famille du quartier des Izards incarne les pires tourments du radicalisme religieux.
Merah: ces cinq lettres que l’on voudrait croire abandonnées aux limbes remontent sans crier gare, poussées par une force inéluctable à la surface de l’actualité. Comme si, par le désenchantement d’une hideuse métamorphose, toute une famille avait été gangrenée par un aveuglant fanatisme, possédée par le spectre d’un radicalisme religieux. Le 22 mars 2012, quelques minutes après l’assaut du Raid dans un appartement de Toulouse transformé en Fort Chabrol, la France découvre médusée le patronyme du tueur au scooter qui a semé la mort et l’épouvante entre Toulouse et Montauban, faisant 7 morts, dont 3 enfants. Après 32 heures de siège, le Raid met fin à l’équipée sanglante de Mohamed, fou de Dieu qui voulait finir en moudjahidin, mort en djellaba et en gilet pare-balles. Depuis lors, les parents de cette famille épouvantail se volent la vedette au gré de leurs errances pathologiques et des opérations de police.

Tel un retour de fièvre, le dernier épisode remonte à la semaine dernière. Mohamed Benalel Merah, père du tueur de Toulouse et Montauban, est expulsé du territoire français. Titulaire d’une carte de résident périmée depuis le 9 mai dernier au motif qu’il réside en Algérie, ce sulfureux septuagénaire, déjà arrêté en 1999 avec plusieurs kilos de cannabis, a déclenché l’ire des familles des victimes il y a un mois et demi en revenant s’installer dans son appartement toulousain, prenant contact avec de vieilles connaissances du Mirail. Au lendemain des tueries, il avait soulevé la polémique en déposant plainte contre X pour «meurtre», visant implicitement le Raid, qui aurait tué son fils pour éviter que ce dernier ne dévoile de fumeux liens avec les services secrets. Il jurait disposer de deux vidéos l’attestant. La thèse, extravagante, avait suscité l’indignation jusqu’au plus haut sommet de l’État. «Faut-il rappeler à cet homme que son fils avait filmé ses crimes et pris le soin diabolique de faire parvenir ces images ignobles à une chaîne de télévision?» avait déclaré Nicolas Sarkozy, avant de lâcher: «Si j’étais le père d’un tel monstre, je me tairais.» Comme un symbole, Mohamed Benalel Merah a été appréhendé à proximité du cimetière de Cornebarrieu, dans les faubourgs de la Ville rose, où a été ensevelie la dépouille du fils honni.
La haine des «mécréants»

Épicentre d’une nébuleuse familiale radicalement modifiée, Mohamed Merah a grandi sous l’influence quasi consanguine de deux mentors. Deux anges noirs biberonnés à la haine des «mécréants». D’un côté, Abdelkader, de cinq ans son aîné, alias Kader, fondamentaliste musulman revendiqué et peintre en bâtiment jadis employé sur le chantier de la gendarmerie des Murets. Dépeint comme le «cerveau» qui a poussé son cadet à commettre l’indicible, il est décrit par les policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) comme «à l’origine de la radicalisation de son frère, sur lequel il exerce une forte influence depuis l’enfance». Mais, comme l’ont rappelé Éric Pelletier et Jean-Marie Pontaut, dans Affaire Merah. L’enquête (Édition Michel Lafon), ils manquent de preuves et ne disposent d’aucun aveu. À mesure qu’a progressé l’enquête, l’image tutélaire de Kader le théoricien a marqué de son empreinte celle de son cadet Mohamed.
«Si j’étais le père d’un tel monstre, je me tairais.»
Nicolas Sarkozy, en 2012.
Le «tueur au scooter» présente le parcours d’un personnage à la dérive, sans repère et en situation d’échec. À 5 ans, il voit son père quitter le domicile familial pour se retirer en Algérie. À 16 ans, il abandonne les études et devient un petit voyou fiché pour vols, violences volontaires et outrages. Ayant une «idéologie plus parfaite», selon un policier, Kader jouit d’un «ascendant naturel sur Mohamed, qui, lui, dispose du savoir technique et opérationnel». Fiché pour son ancrage dans l’islamisme radical, Kader apparaît en 2007 dans une filière de djihadistes en Irak, sans toutefois être mis en examen. «Une longue série d’échecs, en particulier l’impossibilité d’intégrer la Légion étrangère, a cristallisé son ressentiment», décrypte un policier. L’actualité a fait le reste. Le «moudjahidin» de Toulouse n’a pas supporté la loi sur le voile, l’engagement des forces françaises en Afghanistan et le sort réservé aux enfants palestiniens.
La rumeur locale disait les deux frères fâchés. En réalité, jamais le lien du sang n’a été rompu. Selon des propos qui lui ont été attribués, Kader est «fier de la manière dont Mohamed est mort en martyr, se promenant aujourd’hui dans les jardins d’Allah». Mis en cause dans le vol du Yamaha T-Max ayant servi aux raids sanglants, Abdelkader est pour l’heure le seul du clan à être incarcéré pour «complicité d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste».

Si Kader aimait à rappeler que «tout musulman aimerait se faire tuer par son ennemi»,Sabri Essid incarne la quintessence de la bouffée radicale qui a fait vaciller le clan. Second mentor de Mohamed, cet illuminé s’arroge le rang de «demi-frère» en acceptant que son père se marie religieusement en 2010 avec Zoulikha Merah, la mère divorcée et hagarde. Dès 2009, le psychologue Alain Penin décrit cette dernière comme «complètement dépassée dans ses responsabilités éducatives, qui n’a pas pu assurer la sécurité affective de ce garçon placé en foyer, en famille d’accueil et en institution».
«Tremper son épée dans le sang de l’ennemi»

En dépit de son jeune âge, Sabri Essid, surnommé «le Grutier», est un vieux routier du «djihad». Presque un vétéran. Dès 2006, il prend le chemin de Damas à l’âge de 22 ans pour s’enrôler au sein d’al-Qaida. L’État islamique n’existe pas encore, mais qu’importe, l’important est de «tremper son épée dans le sang de l’ennemi». La virée a tourné court: interpellé par la police de Bachar à Hama, il est extradé en février 2007 vers la France, où il écope de cinq ans d’emprisonnement pour «association de malfaiteur en vue de la préparation d’un acte terroriste». Le fou de Dieu purge sa peine à Fleury-Mérogis, où il reçoit la visite de Mohamed Merah, qu’il endoctrine au point que son numéro de téléphone sera retrouvé à de multiples reprises dans les fadettes du tueur au scooter avant les attentats.
Sabri Essid est l’un des rares proches à avoir participé à l’enterrement de Mohamed. C’est d’ailleurs le 11 mars 2014, jour anniversaire du début des tueries de Toulouse et Montauban, qu’il est parti pour la Syrie avec son épouse, un fils de 11 ans, deux jumelles d’une vingtaine de mois et un dernier enfant de quelques mois. C’est encore le 11 mars 2015 qu’est diffusée sur les réseaux sociaux l’insoutenable vidéo de Daech le mettant en scène à côté d’un gamin de 12 ans qui exécute un «espion du Mossad» d’une balle dans la tête en criant «Allah akbar!». Reconnu par des écoliers de Toulouse, le petit bourreau à la voix flûtée ne serait autre que le rejeton putatif de Sabri. En quelque sorte un petit neveu de Mohamed Merah, comme s’il s’agissait d’assurer une macabre relève.
«Dans le quartier des Izards où a grandi Mohamed Merah, les salafistes, les émules du tabligh et les Frères musulmans prospèrent à l’ombre des mosquées»
Un policier toulousain

Pour rejoindre le «territoire de Cham», Sabri a emprunté le même itinéraire que Souad Merah, la «sœur» de la bande, aujourd’hui âgée de 27 ans, qui a réussi à déjouer les surveillances pour tenter de rejoindre la terre promise du Califat avant de se réfugier a priori en Algérie. Enveloppée de son niqab et volontiers présentée comme le «ciment du clan», celle qui rêvait de vivre dans les règles de la charia provoque l’écœurement en se disant «fière de (son) frère Mohamed, (qui) a combattu jusqu’au bout» dans un reportage de M6 en novembre 2012. Une semaine plus tard, sur i-Télé, elle ose la volte-face en condamnant les tueries d’une voix vacillante.
Futur tueur de Juifs et de militaires, dépourvu de formation religieuse, à la différence de ses pieux aînés, Mohamed grenouille dans ce bain bouillonnant où infusent pêle-mêle le prosélytisme islamiste, l’esprit du 11 Septembre et les vidéos de décapitations. «La plupart des membres de la famille Merah sont unis dans le déni de la vérité et dans une démarche de destruction», résume Me Samia Maktouf, avocate de Latifa Ibn Ziaten, mère d’un des militaires tués.
Dans ce tableau familial tourmenté, Abdelghani, l’aîné de la fratrie, fait figure d’exception. En 2012, il signe un livre, Mon frère, ce terroriste, qui va faire de lui un pestiféré. Un «traître» banni de son quartier. Condamné à changer de vie pour avoir eu le courage de clamer qu’il n’était pas antisémite. Sa compagne, Anne, témoigne du climat délétère qui règne dans la famille, qui la traite, selon ses propres dires, de «sale Française» et de «sale Juive». Kader, alias «Ben Laden» dans la cité, ira jusqu’à poignarder son frère de sept coups de couteau un soir de mars 2003. Devant l’insistance de la mère, Adbelghani a retiré sa plainte, et son tourmenteur est sorti après quatre mois de prison. L’épisode a été tel que même Mohamed a été choqué. Lui pourtant qui haïssait les femmes, n’hésitant à pas les cogner au besoin. Selon le journaliste Éric Pelletier, le «niveau de violence quotidienne entre membres de la famille Merah» éclaire en partie la dérive du clan.
«La plupart des membres de la famille Merah sont unis dans le déni de la vérité et dans une démarche de destruction»
Me Samia Maktouf, avocate de Latifa Ibn Ziaten, mère d’un des militaires tués
Le terreau si particulier des quartiers populaires de Toulouse, où pousse en germe un ferment radical solidement enraciné, a fait le reste. Comme dira d’ailleurs Souad, «Mohamed, c’est la cité qui l’a élevé». «Autour des mosquées, notamment dans le quartier des Izards où a grandi Mohamed Merah, les salafistes, les émules du tabligh et les Frères musulmans prospèrent à l’ombre des mosquées, témoigne un policier toulousain. Beaucoup d’intégristes, noyautés par des vétérans revenus d’Irak ou d’Afghanistan, mais aussi par des tribuns comme Olivier Corel, un “émir” d’origine syrienne surnommé “l’imam blanc”, sont passés de la théorie à la pratique.»
C’est aussi dans le quartier des Izards que plusieurs dizaines de jeunes gens, essentiellement des filles voilées, s’étaient rassemblés trois jours après la mort de Merah pour honorer sa mémoire, comparant leur douleur à celle des familles des victimes du tueur au scooter. Des graffitis «Vive Merah», «Vengeance» ou «Nique la kippa» avaient alors été repérés et nettoyés à la hâte. Trois ans après, le mythe Merah a la peau dure. Ici, le monstre est célébré en martyr. Comme le sherpa d’une nouvelle forme de terrorisme spontané qui a trouvé son aboutissement lors des attentats de janvier.

source :

http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2015/06/11/01016-20150611ARTFIG00332-les-merah-l-effroyable-derive-d-un-clan-fanatise.php

happywheels

3 Commentaires

  1. josué bencanaan dit :

    Pas fanatisé, remettons les choses a leurs places, clan haineux anti sémite comme 80 % de la population musulmane de France, cela est la triste réalité.
    Des gens comme mohammed MERAH il y en a des milliers en France.
    L haine du juif leur ai enseigné a leur plus jeune age, et l’enseignement public prend le relai, en leur inculquant la haine d’Israel et de par le faite, la haine des juifs.
    Responsabilté, les parents en premier lieu, les partis politique tel que le NPA, parti communiste, EELV et maintenant le parti socialiste.
    Et n’oublions pas les journalistes et leur mensonges qui ont une grande part de responsabilité.
    Mais nous survolons le fait que, l’homme est libre de ses choix, si il est haineux et violent c’est qu’il la choisi, ont ne nait pas raciste ont le devient.

  2. roni dit :

    il faut eliminer cette famille de sous merde a part le frere qui a compris je le plains

  3. Chris dit :

    Merci pour cet article, rien ne manque.

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