Pourquoi prive-t-on des élus FN de déplacement à Auschwitz ?

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Retour sur l’histoire mouvementée des rapports entre le Front national et le négationnisme.
Deux élus Front national (FN) du Conseil régional d’Ile-de-France se sont vu refuser, la semaine dernière, la possibilité de faire partie d’un déplacement de lycéens sur le site de l’ancien camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne).
Alors que la Région entend par cette décision « préserver la sérénité de ces déplacements à Auschwitz », le parti lepéniste a annoncé son intention de porter plainte pour discrimination à raison des idées politiques.
Le négationnisme appartiendrait en effet à l’histoire ancienne du FN. « Tout le monde sait ce qui s’est passé dans les camps et dans quelles conditions. Ce qui s’y est passé est le summum de la barbarie » déclarait ainsi Marine Le Pen au magazine Le Point quelques jours après son accession à la présidence du parti début 2011.
L’exclusion de Jean-Marie Le Pen à l’été 2015, après avoir réaffirmé que « les chambres à gaz étaient un détail de la guerre », venait sceller cette volonté de tourner la page d’une histoire faite de complaisance avec le négationnisme. Pourtant, le négationnisme resurgit régulièrement dans le sillage du FN, comme un sparadrap dont on n’arriverait décidément pas à se débarrasser.
Fin avril 2017, lors de la dernière élection présidentielle, l’exhumation d’un entretien du furtif président par intérim Jean-François Jalkh exposait des propos appartenant sans aucune ambiguïté au registre négationniste. Quelques semaines plus tôt, un responsable frontiste niçois filmé en caméra cachée, Benoît Loeuillet, reprenait à son compte les thèses de Robert Faurisson. Pour les municipales de mars 2014, Pierre Panet, un proche de Dieudonné M’Bala M’Bala et Robert Faurisson, figurait sur la liste Rassemblement Bleu Marine (RBM) du 12ème arrondissement de Paris. En 2012, la journaliste Claire Checcaglini, auteure de Bienvenue au FN, journal d’une infiltrée (éditions Jacob-Duvernet, 2012), révélait que Jacques Kotoujansky, membre du comité d’action programmatique du FN sur la santé, était aussi un adepte des thèses négationnistes.

Importé au sein du FN par François Duprat dans les années 1970, le négationnisme fait comme partie de l’ADN du parti d’extrême droite. Jusqu’à son assassinat en mars 1978, Duprat resta le fournisseur attitré de la propagande négationniste au sein de l’extrême droite française et internationale. Il diffusa, entre autres, la brochure de Richard Harwood, « Six millions de morts le sont-ils réellement ? », considérée comme l’un des classiques du négationnisme (voir ci-contre).
Mêlant les rhétoriques complotiste et négationniste, l’éloge funèbre de François Duprat, publié dans l’organe officiel du FN Le National, va jusqu’à suggérer que celui-ci a été éliminé précisément en raison de son activisme « révisionniste » :
« Et puis enfin, pour mieux conditionner encore nos concitoyens, il y avait tous ces tabous hérités du second conflit mondial. En tant qu’historien soucieux de vérité historique, tes patientes études t’avaient amené à remettre en question ces « mensonges nourriciers », à t’attaquer à tous ces tabous et préjugés grâce auxquels l’ennemi a réussi, depuis plus de trente ans, à imposer son exécrable domination. Tu faisais partie de ce qu’il est convenu d’appeler l’école historique « révisionniste » et, naturellement, tu te trouvais en relation avec d’autres historiens de même tendance, tel ce R. Harwood, dont tu diffusais en France l’une des brochures les plus explosives, comme tu l’écrivais dans les Cahiers. Explosive, hélas oui, c’est bien le cas de le dire puisque en la diffusant, tu signais par là-même ton arrêt de mort. »
Au milieu des années quatre-vingt, le négationnisme devient l’un des thèmes politiques du FN. Il est régulièrement activé par Jean-Marie Le Pen et certains responsables frontistes. Le 13 septembre 1987, invité de l’émission de radio Le Grand Jury RTL – Le Monde, le président du FN qualifie les chambres à gaz de « point de détail de la Seconde Guerre mondiale ». Il explique qu’il n’a pu voir de ses yeux des chambres à gaz, qu’il n’a pas étudié spécialement la question, se demande si « c’est la vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire »… et de conclure par ces mots : « Des historiens débattent de ces questions ». L’année suivante, Jean-Marie Le Pen s’illustrera à nouveau par un calembour douteux (« Durafour-crématoire ») visant le ministre de la Fonction publique Michel Durafour.


L’année suivante, le même Martin Peltier écrit, toujours dans les colonnes de National Hebdo, que si cette « bataille de la mémoire peut sembler oiseuse » aux Français, elle est en fait « déterminante ». Loin d’être un « détail », les chambres à gaz représenteraient en fait le « cœur du dispositif d’exclusion des nationaux ».
Plusieurs cadres du parti participent alors à l’entreprise idéologique de négation. Parmi eux, Bruno Gollnisch [1]. Le 11 octobre 2004, le délégué général du FN fait plusieurs déclarations publiques légitimant le négationnisme. Pour ces propos, il est suspendu de ses fonctions de professeur d’université en 2005.
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Parmi les autres épisodes marquants de l’histoire conjointe du FN et du négationnisme, il faut également citer la remise d’un « prix de l’infréquentabilité » à Robert Faurisson au Zénith de Paris le 26 décembre 2008 par Dieudonné M’bala M’bala. Dans la salle, on remarque – entre autres – la présence de Jean-Marie Le Pen et de sa fille Marie-Caroline, de Dominique Joly, un conseiller régional FN élu sur une liste menée par Marine Le Pen, de l’essayiste de la nouvelle droite Alain de Benoist et d’un proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, ancien dirigeant du syndicat étudiant d’extrême droite Groupe union défense (GUD).
« C’est l’antisémitisme, expliquait le vice-président du FN Louis Aliot fin 2013, qui empêche les gens de voter pour nous. Il n’y a que cela. »[2]

Notes :
[1] Bruno Gollnisch est condamné le 18 janvier 2007 par le tribunal correctionnel de Lyon à trois mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour contestation de crimes contre l’humanité. Le 28 février 2008, la cour d’appel de Lyon confirme le jugement. Bruno Gollnisch se pourvoit en cassation. En juin 2009, la Cour de cassation annule la condamnation.
[2] Entretien de Louis Aliot avec Valérie Igounet, 7 décembre 2013.

Source :
http://www.conspiracywatch.info/pourquoi-prive-t-on-des-elus-fn-de-deplacement-a-auschwitz.html

happywheels

7 Commentaires

  1. nous ne sommes pas morts voyons…..nous sommes partis sur une autre planète pour vous emmerder-

  2. Franccomtois dit :

    C´est dimanche et je vais faire le fainéant.J´avais déjá écrit un commentaire sur le Sujet et bien je le remets ici car il correspond á l´article ci-dessus.

    Le commentaire: Je ne pense pas que tout les militants du F.N soient judéophobe,en tout cas pas plus que dans les autres partis.Mais quand même,MLP s´est entouré de Drôle dans sa nouvelle équipe aprés le départ de Philppot.Ils sont quasiment tous issus du GUD et jusqu´á la preuve du contraire je ne pense pas que ce groupuscule soit particulierement judéophile.Comme ont dit qui se ressemble s´assemble.Maintenant si ces élus FN sont sincere dans la démarche de se rendre á Auschwitz et ainsi dénoncer de la maniere la plus total de les crimes nazis et pour l´occasion dénoncer de maniere tout aussi sincere la montée en puissance de la judéophobie alors il faut qu´ils s´y rendent.Par contre celles et ceux qui se sont opposés á la venue des élus FN á Auschwitz de quels partis sont ils?Ne sont-ils pas des mêmes partis qui comptaient se rendre en Israel pour vénérer des terroristes tueurs de juifs?Les mêmes qui restent extremement discret face aux agressions judéophobe et maintenant contre les Asiatiques.Les mêmes qui se disent le parti des résistants et qui n´ont pas hésité lors du pacte germano-soviétique d´acceuillir á bras ouvert l´armée du reich.Ils sont alles jusqu´á pleurer dans les bras de l´occupant pour que Vichy laisse paraitre la presse coco,est-ce que je me trompe?Le bloc des républiques socialiste n´était pas particulierement tendre avec les personnes de confession juive.Et aprés cela ils se permettent de faire des lecons aux uns et aux autres sur l´humanisme et vont jusqu´á décider qui peut ou pas en tant qu´élu se rendre dans un camp de concentration pour se rendre compte que ces saloperies ont malheureusement bien existé et qui malheureusement dans certains pays existent encore.

  3. Alice dit :

    pourquoi les priver de profaner une fois encore ce cimetière par les quenelles de débiles ?

  4. Rony d'Alger dit :

    Un historien se déclarant protestant, connu comme étant de droite, avait voulu, au début des années 70, rencontrer le négationniste robert faurisson pour tenter de comprendre son raisonnement. A cette époque, une grande partie des Juifs assassinés pendant la Shoah, compte-tenu de leur jeune âge, auraient pu être encore en vie, si les nazis ne les avaient pas exterminés. Et donc devant les questions insistantes de cet historien, Pierre Chaunu, cette racaille de faurisson ne trouva rien d’autre à à déclarer que les Juifs, dont il niait la mort, étaient « vivants et qu’ils se cachaient ». En réalité, ses anciens condisciples en hypokhâgne et khâgne ont révélé qu’en 1947, faurisson, deux ans après la défaite des nazis, n’hésitait pas à défendre hitler et mussolini. C’est le type même d’individu excrémentiel.

  5. capucine dit :

    Moi je les y enverrai d’office pour qu’ ils puissent voir que tout ce qu’ ils nient d’être faux était bien réelle. ..

  6. Jacques dit :

    Belle photo,belle affiche.
    C’est le film « les trois mouches-se-terrent »?
    Manque soral pour jouer d’Artagnan,un(cerveau)pour tous,tous pourris…

  7. Rony d'Alger dit :

    Quant au fn, force est de constater qu’il a toujours fait preuve, en règle générale, d’une grande indulgence à l’égard des anti-juifs négationnistes. La preuve en est la proximité de la fille le pen vis de frédéric chatillon, ancien dirigeant du gud, dont de nombreux membres d’alors confirment que c’est ce dernier qui lui fit prendre un ton ouvertement antisémite, alors qu’auparavant ce mouvement avait surtout été préoccupé par le combat anti-communiste. De même, le fait que marine le pen ait jugé utile de prendre comme conseiller l’immonde alain bonnet, dit soral, démontre l’antisémitisme de cette femme, d’autant que l’on voit mal dans quelle matière cet individu, qui n’avait pas terminé ses études secondaires, aurait pu lui donner des conseils. Et les exemples abondent sur le plan de la complaisance de ce parti à l’égard des négationnistes, sans oublier leurs bons rapports avec les bouchers iraniens, avec bachar el assad etc…

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