L’honneur perdu de la justice française

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ÉDITO. La Cour de cassation a confirmé l’irresponsabilité du meurtrier de Sarah Halimi, qui ne sera donc pas jugé. Un arrêt honteux pour notre éditorialiste.
« L’espérance est un risque à courir », disait Georges Bernanos. Courons-le. Quand l’abjection prend le dessus et que la justice tombe dans un cul-de-basse-fosse, mieux vaut sortir de chez soi et marcher longtemps, en respirant à fond la tiédeur printanière, au milieu des chants des merles.
Le jour finira bien par se lever un de ces matins. En attendant, ce n’est pas tant la décision de la Cour de cassation sur l’affaire Sarah Halimi qui choque aujourd’hui. Il eût fallu beaucoup d’illusions sur la justice de notre pays pour être sûr qu’elle ne conclurait pas à l’« irresponsabilité pénale » de son meurtrier : c’est dans l’air du temps et on sait qu’avec elle il faut toujours s’attendre à tout, à commencer par le pire.
Révoltant est le silence assourdissant d’une classe politique qui, à part Christian Estrosi ou Marine Le Pen, n’a pas osé condamner l’arrêt de la Cour de cassation, symbole d’une justice hémiplégique. Une décision historique qui permet à Kobili Traoré, l’assassin de Sarah Halimi, d’échapper au procès et, après son ignoble forfait, de continuer à couler des jours paisibles dans le centre psychiatrique d’où il pourra, selon toute vraisemblance, sortir bientôt.
Désormais, les bourreaux sont les victimes et les victimes, les bourreaux, il faut vous y faire : telle est la philosophie, si l’on ose dire, d’une partie non négligeable de notre magistrature qui n’a jamais de comptes à rendre. L’autre jour, François Molins, l’un des pontes de la Cour de cassation, se tortillait ainsi à la télévision en expliquant sans rire qu’il comprenait « l’émotion des gens qui ne connaissent pas la loi et les procédures », avant de rappeler que le juge est là pour appliquer la loi, « pas pour la faire ». Fadaises !
Pas coupable et même pas responsable, l’homme qui a tué Sarah Halimi, sa voisine, une sexagénaire de confession juive, dans la nuit du 3 au 4 avril 2017, à Belleville ? Pendant une quarantaine de minutes, Kobili Traoré, familier de la tristement célèbre mosquée Omar de la rue Jean-Pierre-Timbaud, repaire d’islamistes radicaux, a roué de coups sa voisine en récitant les versets du Coran. Puis, après ce supplice, il l’a jetée du troisième étage en criant plus d’une dizaine de fois : « Allah Akbar ».
Mais ce n’était pas sa faute, que voulez-vous : le pauvre chat était atteint d’une « bouffée délirante aiguë », il avait abusé du cannabis, encore que le taux de THC, principe actif de cette drogue, relevé dans son sang, fût modéré. Après que Daniel Zagury, monument national de l’expertise psychiatrique, eut écarté l’abolition (mais pas l’altération) du discernement du condamné, l’instruction n’a consisté, sans mener de véritable enquête, qu’à contredire ce premier diagnostic, comme pour faire valoir l’irresponsabilité pénale du meurtrier. Il n’a même pas été procédé à une reconstitution des faits, sans doute pour ne pas le traumatiser !
S’agit-il d’un permis de tuer les juifs sans risque judiciaire ou d’une exonération systématique des islamistes (à ne pas confondre avec les musulmans) qui, pour une fraction de la gauche, sont toujours dans le camp du Bien ? C’est la question que pose, hélas, la décision de la plus haute autorité d’une justice en déroute. Rien ne tient dans ce dossier, à commencer par la capacité de l’assassin à réciter des versets du Coran alors qu’il avait soi-disant perdu… la tête.
La loi stipule que « n’est pas pénalement responsable » la personne qui, au moment de son crime, est atteinte d’un trouble psychique ou neuropsychique ? En déclarant que Kobili Traoré est aussi innocent que l’agneau qui vient de naître, la Cour de cassation ouvre la voie à une jurisprudence qui permettra à ceux qui auront tué, sous l’emprise de l’alcool ou de substances, de demander la relaxe sous prétexte qu’ils étaient « victimes » d’une bouffée délirante aiguë.
« Le Monde » n’a pas évoqué, à propos de ce jugement, les « heures les plus sombres de notre Histoire », selon sa formule favorite, mais le rapprochement eût été bienvenu. En 1940, à part le seul et admirable Paul Didier, tous les juges prêtèrent serment au maréchal Pétain avant d’appliquer sans sourciller les lois d’exception qui faisaient des juifs des citoyens de second ordre.
Pendant les années 1940, les magistrats français furent souvent à l’image du sinistre André Mornet : président de chambre honoraire à la Cour de cassation, il devint l’un des piliers de la justice de Vichy avant d’être nommé procureur général près la Haute Cour de justice où, à la Libération, il requit, toute honte bue, la peine de mort contre Pétain et Laval ! Sartre n’a rien fait d’autre, après une attitude pour le moins ambiguë sous Vichy, en s’empressant de parader au comité d’épuration après le départ des nazis.
M.Macron avait émis le souhait que l’assassin de Sarah Halimi soit jugé. La Cour de cassation vient de lui faire un bras d’honneur. Mais, à cette occasion, n’a-t-elle pas perdu son honneur ?§
SOURCE :
https://www.lepoint.fr/editos-du-point/franz-olivier-giesbert/fog-l-honneur-perdu-de-la-justice-francaise-21-04-2021-2423279_70.php

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9 Commentaires

  1. Franccomtois dit :

    Je crois qu´il n´y a pas que la justice qui a perdu son honneur en France!Pays en perdition,absolument interdit de se moquer des pays du tiers-monde,la France ne vaut pas mieux,sauf évidemment si nous avons du flouz plein les fouilles,comme dans le tiers-monde 😁!10.000 policiers et gendarmes d´ici 2022 annonce micron,j´espere qu´ils sont bon á la course á pied vu comme ils déguerpissent devant les racailles !!!!Bon vu que comme l´a eu écrit le « canard enchainé »ce ne seront surement pas des lumieres,d´aprés le journal les 3/4 sont quasi analphabete,comme au tiers-monde 😁!!!!!Mais qui en 2022 va redonner des couleurs á l´Hexagone,mais qui ????
    -Douce France Charles Trenet
    https://youtu.be/Iit3Kabs7QA

    -Jean Ferrat – Ma France
    https://youtu.be/XAbbzXe8NwM

  2. Yaacov dit :

    Quand .B.B. vole une entreprise avec l’aide de différents acteurs de sa région et la revend 50M€ et en plus se fait coincer avec un coffre en Suisse il ne subit pas les foudres de la justice
    Quand son fils L.B. Se vante du coup réalisé par son père bien connu il est totalement décomplexé et même fier .

    Quelle justice quel mépris une honte !!!

  3. Rosa SAHSAN dit :

    Veuillez me pardonner si je pose très souvent la même question mais les flics pourris qui étaient derrière la porte de la pauvre Sarah Halimi et qui entendaient qu’elle était en train de se faire massacrer par le terroriste Traoré, ces salopards n’ont jamais été inquiétés par la justice de France.Et pourquoi??? J’en appelle à Moussa Darmanin
    ROSA

    • Franccomtois dit :

      Je vous rejoins Rosa.Je me pose aussi la question de savoir pourquoi aucun des flics ne soient intervenus.Trés sincerement,je suis flic,donc armé et quelqu´un se fait agresser,en tant qu´humain j´interviens même si j´ai ordre de ne pas bouger.Aprés j´assumerai ma désobéissance face á un ordre de merde et je pourrai me regarder le matin dans le miroir pour me raser sans baisser les yeux et mes nuits seraient douce.Comme je l´ai eu écrit dans d´autres commentaires,je souhaite que ces gallinacés aient leurs nuits peuplé de cauchemard et que la honte leur taraude leur conscience,mais en ont-ils une ?

  4. Paul06 dit :

    Rosa bonsoir,
    Les policiers ont assisté au meurtre, les juges ont déclaré irresponsable ce salaud, les médias français ont gardé le silence à la demande des politiques. Voilà la France actuelle.

  5. Paul06 dit :

    Il n’y a pas que l’honneur de la justice qui est bafoué, celui de la police, des journalistes, des diplomates, des politiques… uniquement l’honneur de la France.

  6. Fred dit :

    Trenet comme référence! N’importe quoi. Trenet collabo de fait des nazis, vedette du Paris occupé, Trenet pédophile, Trenet pro-Palos… Changez de référence, on n’en veut pas.

    • liguedefensejuive dit :

      La Seconde Guerre mondiale éclate et Trenet est mobilisé. Les journaux annoncent même officiellement sa mort. Il donne une entrevue, en août 1940 au quotidien L’Éclaireur de Nice, dans laquelle il déclare : « C’est la troisième fois qu’on me tue. Je n’arrive pas à comprendre les raisons pour lesquelles on veut me trucider par persuasion. »
      Pendant l’Occupation, Trenet se consacre essentiellement au cinéma et joue dans six films dont Je chante, Romance de Paris et Adieu Léonard. Écrit par Jacques Prévert en collaboration avec son frère Pierre et réalisé par ce dernier, Adieu Léonard est le seul de ces films à rester dans la mémoire des cinéphiles. Sa carrière cinématographique prend fin avec la fin de la guerre.
      À partir de 1941, il chante à Paris aux Folies Bergère, où il interprète des chansons telles qu’Espoir – « Tous les jours noirs ont leurs lendemains » – et Douce France, dont la salle reprend le refrain comme un hymne de la résistance, la chanson étant un soutien moral aux « expatriés de force » et non un acte de collaboration. Trenet dénonce son contrat au bout de quatre jours, lorsqu’il découvre dans le public la présence de soldats allemands.
      En 1944, il est dénoncé dans le journal Je suis partout pour sa ressemblance avec « le juif Harpo Marx » ou dans le journal Le Réveil du peuple, au motif que Trenet est une anagramme de Netter, « nom spécifiquement juif ». En fuyant la Gestapo, il est blessé par des agents d’une balle dans la jambe. Hospitalisé, il doit retourner chez sa mère pour trouver les papiers qui prouvent sa « non-judéité » sur quatre générations, réfutant ainsi ces assertions, ce qui lui vaut de ne plus être inquiété par la Gestapo.
      À la Libération, la commission d’épuration le critique, notamment pour avoir composé des hymnes pour le régime de Vichy et chanté un concert en Allemagne (sur les trois prévus) avec Tino Rossi. Il est condamné à 8 mois d’inactivité, ramenés à 3 mois et préfère partir pour l’Amérique.
      Trenet évoque cette période de l’Occupation dans deux chansons, Jeunesse plumée, écrite en 1962 et Nous, on rêvait, écrite en 1992. Il admet que cette sombre période a tari son inspiration : selon lui, ses œuvres postérieures à la guerre n’ont plus la fraîcheur et l’insouciance de ses premiers refrains.

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