Meurtre de Mireille Knoll : la perpétuité requise contre Yacine Mihoub

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Dans son réquisitoire, l’avocat général a insisté sur le fait que Yacine Mihoub était le seul auteur du meurtre « sauvage » de l’octogénaire juive.
Par Valentine Arama
es faits, rien que les faits. Ou plutôt : les éléments matériels, rien que les éléments matériels. Face aux versions contradictoires de Yacine Mihoub et d’Alex Carrimbacus, accusés d’avoir tué Mireille Knoll le 23 mars 2018, Jean-Christophe Muller, l’avocat général, a été contraint de procéder par « élimination ». Un raisonnement qui lui a permis de mettre en lumière les nombreuses incohérences du récit livré pendant le procès par Yacine Mihoub, qu’il estime seul auteur du meurtre de Mireille Knoll. Un meurtre aggravé par la vulnérabilité de la victime et son appartenance à la religion juive, deux circonstances retenues par l’avocat général.
Au terme d’un réquisitoire de plus de deux heures, le représentant du ministère public a réclamé la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de Yacine Mihoub, avec une peine de sûreté de 18 ans. « Si vous le condamnez à cette peine, vous aurez tiré toutes les conséquences des faits et de sa personnalité », a ajouté le représentant du ministère public.
En ce qui concerne Alex Carrimbacus, Jean-Christophe Muller a requis 18 années de réclusion criminelle avec une peine de sûreté de 9 ans. S’il a estimé qu’il n’était ni complice ni auteur du meurtre de Mireille Knoll, l’avocat général le considère comme coupable de vol avec la circonstance aggravante de l’antisémitisme dans la mesure où il a assisté à une discussion animée sur « les juifs et l’argent » entre Yacine Mihoub et Mireille Knoll le jour des faits. « L’antisémitisme va agir comme un poison, qui lui est également imputable, dans la mesure où il n’ignorait pas le contenu de la discussion », a précisé Jean-Christophe Muller.
Au sujet de son raisonnement, l’avocat général a posé cette question cruciale : « Est-ce que le doute est un point de blocage qui stoppe la réflexion, ou bien est-ce une attitude intellectuelle qui permet de forger sa réflexion ? » « M. Mihoub nous dit que, ce jour-là, Mme Knoll s’est levée de son fauteuil, a pris son déambulateur et est allée clopin-clopant s’allonger sur son lit dont les barrières étaient relevées. Que faire de cela ? Je n’y étais pas, vous non plus. Cette théorie répétée à l’envi l’exonère bien sûr de toute responsabilité dans le meurtre, puisque, après, il explique que c’est Alex Carrimbacus qui se retrouve dans la chambre avec le couteau. Mais tout le monde vient nous dire à la barre que Mireille Knoll était incapable de se lever seule, de se déplacer et encore moins de se coucher. Quand Yacine Mihoub nous dit que Mme Knoll s’est rendue seule dans la chambre : il ment », balaye le représentant du ministère public.
L’accusation enjoint plutôt aux jurés de prendre « chaque élément matériel » pour « les analyser ». « Lorsque vous aurez procédé de cette manière, vous verrez qu’il est matériellement impossible que Mireille Knoll se soit rendue seule dans sa chambre dans les conditions décrites par M. Mihoub. Donc, si elle ne s’y est pas rendue dans ces conditions, c’est qu’elle y est allée autrement… » Ce qu’il fallait démontrer.
L’avocat général va ainsi reprendre chacun des éléments, comme l’angle des coups portés, l’arme du crime, et ainsi démonter la version de Yacine Mihoub. « Pour tuer quelqu’un avec un couteau, il faut d’abord un couteau, avance-t-il, par exemple. Mais comment Alex Carrimbacus se serait-il procuré un couteau ? Lors de la reconstitution, M. Mihoub va désigner l’endroit où Alex Carrimbacus a, selon lui, pris l’objet, mais c’est le seul endroit de la cuisine où il n’y a aucun couteau ! » Jean-Christophe Muller va ensuite insister sur les réactions violentes de Yacine Mihoub lorsqu’il est confronté à des situations de tension. « C’est toujours les mêmes réactions, le dossier nous le montre : quand quelque chose lui résiste, ça craque. Et c’est ce qui s’est passé ce jour-là quand Yacine Mihoub a commencé à parler des juifs à Mireille Knoll. »
En ce qui concerne M. Carrimbacus, « quand il arrive dans l’appartement, il sait qu’il est venu pour un vol… Qu’il y a un petit “plan thunes” à se faire. Ce qu’il sait ensuite, c’est que Mireille Knoll est morte. Et qu’est-ce qu’il fait ensuite, M. Carrimbacus ? Il fait ce pour quoi il était venu : il vole. Pas grand-chose parce qu’il n’y avait pas grand-chose… Mais il vole. Il vole une morte dont le cadavre était encore chaud », dit l’avocat général, avant d’ajouter : « Est-ce que, du point de vue de la loi, c’est la même chose de voler un portefeuille dans l’étalage d’un magasin que de voler la personne dont on vient de voir le corps ? La réponse est dans la question. Et c’est d’ailleurs pour ça que la loi réprime plus sévèrement le vol lorsqu’il est commis avec des circonstances particulières, en l’espèce, suivi ou accompagné de la mort d’une personne qu’on vole, quand bien même le voleur n’est pas le responsable de la mort. […] Car si on était dans la littérature, on n’appellerait pas ça un vol, on appellerait ça un pillage. »
S’il n’est pas complice du meurtre, selon l’avocat général, il l’est en revanche de l’incendie qui a en partie brûlé le corps de Mireille Knoll. « Il prête son briquet, cela fait de lui un complice, et c’est comme complice de l’incendie qu’il faudra le condamner. Il avait connaissance du projet de Yacine Mihoub de mettre le feu à l’appartement et lui a donné les moyens de le faire », précise le représentant du ministère public.
Reste la mère de Yacine Mihoub, qui a répondu du chef de « destruction de preuves ». « Madame Khellaf n’est là que parce que les deux autres sont derrière elle », rappelle l’avocat général. Mais parce qu’elle jette « volontairement » au vide-ordures la bouteille de porto, un verre provenant du domicile de Mireille Knoll et son téléphone portable, Jean-Christophe Muller estime qu’elle avait connaissance du crime qui venait d’être commis et qu’elle a donc agi en connaissance de cause. C’est pourquoi l’avocat général a demandé de la condamner à trois ans d’emprisonnement, le maximum prévu pour le chef d’accusation. « Je demande la peine la plus lourde, car les circonstances dans lesquelles Mme Khellaf a agi ont contribué à la difficulté de ce dossier et ont terni un peu plus la mémoire de Mireille Knoll », a-t-il ajouté.
« Vous devez considérer que Yacine Mihoub est le seul auteur de la mort de Mireille Knoll, qu’il a agi ainsi alors qu’elle était dans cet état de vulnérabilité et qu’il a agi dans ce contexte d’antisémitisme qui le caractérise dans tous les domaines de son action. Il est évident qu’il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles, pour dire simplement les choses. Ou alors il faut le faire assez finement pour qu’on ne s’en aperçoive pas. Ça n’a pas été le cas. Il est le seul responsable du meurtre sauvage de Mireille Knoll, mais il est aussi responsable du vol des objets auquel il a participé avec M. Carrimbacus », a conclu l’avocat général au sujet de Yacine Mihoub, qui avait la tête posée sur ses bras pendant la majorité du réquisitoire. À l’annonce du quantum de peine requis par l’avocat général, Alex Carrimbacus, lui, n’a pas eu de réaction particulière. Le verdict est attendu mercredi.
Source

https://www.lepoint.fr/justice/meurtre-de-mireille-knoll-la-perpetuite-requise-contre-yacine-mihoub-09-11-2021-2451339_2386.php

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4 Commentaires

  1. Zeev dit :

    J espère qu ils vont être bien punis.

  2. Carvalho dit :

    Peine mille fois justifiée, mais s’agira t’il de perpétuité réelle, j’en doute. J’aimerai que vienne le jour où on pourra juger des pourritures comme la juge ihuellou, celle qui « défendu » l’assassin et le tortionnaire de Sara Halimi, kobili traoré, sachant que pour ce dernier un suppositoire en métal aurait définitivement et proprement réglé l’affaire..Traitement remboursé par la famille bien-sûr.

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