Secret défense : un agent de la DGSI au service d’Israël ?

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Alors qu’il devait prendre la tête du Collège du renseignement en Europe, un agent très bien noté est débarqué pour accointances avec le Mossad.
Par Marc Leplongeon
e jour-là, Didier* n’a pas eu le temps de faire ses cartons. Convoqué dans un bureau dit neutre, prié de rendre son badge et son habilitation secret défense. Il n’a eu droit à aucun remerciement. Juste à une incitation à se taire à jamais et à retourner dans son administration d’origine, l’Education nationale, quittée il y a quinze ans et où il n’a jamais exercé. Didier est introuvable. Aucune trace de son existence sur Google. Et on imagine aujourd’hui l’ancien agent secret poser incognito son cartable dans une salle de classe d’un collège de banlieue. Choc des cultures ! Ses anciens collègues font d’ailleurs le portrait d’un homme un peu austère, profil prof de province de droite, mine sombre, veste en tweed et costume couleur terre. En septembre 2017, quand Emmanuel Macron annonce en grande pompe, à la Sorbonne, la « création d’une académie européenne du renseignement », c’est pourtant Didier qui est pressenti pour en prendre la tête. Mieux que cela, Pierre de Bousquet de Florian, le coordonnateur national du renseignement, lui propose le poste. Un an plus tard, Didier est violemment débarqué, quelqu’un à la DGSI lui reprochant d’invraisemblables liens avec… le Mossad. Un agent double sur le point de prendre du galon ? Une cabale contre le projet du chef de l’Etat ? L’histoire fait désordre, mais les curieux sont invités à s’occuper de leurs affaires.
Retour en arrière. Septembre 2017 : Emmanuel Macron se présente à la Sorbonne pour relancer l’Europe. « Nous sommes bousculés, l’audace est notre seule réponse », clame le nouveau président de la République dans un discours enflammé. Parmi les propositions qui retiennent l’attention, celle de créer une académie européenne du renseignement afin d’élaborer une « culture commune » détonne. Pas question de faire un « FBI européen », tempérera plus tard l’Elysée face aux sceptiques qui estiment que le renseignement ne peut être qu’une compétence souveraine. Mais l’objectif est de se doter d’une « grammaire commune », de faire remonter l’information aux décideurs sur la scène européenne. En coulisse, Pierre de Bousquet de Florian, l’ancien chef de la Direction de la surveillance du territoire (DST), nommé en juin coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, cherche le meilleur candidat. Il pense rapidement à un homme qu’il a connu à la DST, il y a des années, en tant que chef du bureau des relations multilatérales. Didier sort du lot : il n’est pas flic, encore moins commissaire de police et est, à l’époque, un des rares cadres en détachement issu du milieu universitaire. Après la fusion de la DST et des Renseignements généraux, il a suivi Bernard Squarcini à la DCRI (rebaptisée DGSI en 2014) pour devenir chef de l’analyse stratégique et de la prospective à la sous-direction des affaires internationales.

« Parents et enfants juifs, krav-maga… C’est suspect. Ne me dites pas que vous êtes fan de “Rabbi Jacob” ? »
Krav-maga. L’homme est carré et connaît bien la maison. Son job est d’être en contact avec les autres services de renseignement, notamment étrangers. Il représente déjà la DGSI dans plusieurs institutions, et son patron, Laurent Nuñez (aujourd’hui secrétaire d’Etat à l’Intérieur), n’est pas opposé à cette nomination. La première réunion est donc organisée à l’Elysée le 23 février 2018. Autour de la table : Pierre de Bousquet de Florian, Bernard Bajolet, ancien patron de la DGSE amené à prendre la présidence d’honneur de la future académie, et Frédéric Mac Kain, ex-secrétaire général de la préfecture des Alpes-Maritimes et chargé de mission pour le projet (c’est son nom qui figure aujourd’hui dans les mentions légales du site Internet).
Est également présent Jean-François Gayraud, ancien de la DST et de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste, fidèle parmi les fidèles de Bousquet de Florian. Très en vue au début des années 2000, et notamment connu pour avoir été un des premiers à tirer la sonnette d’alarme sur l’omniprésence d’un certain Alexandre Djouhri dans les sphères du pouvoir, Gayraud avait été chargé en 2004 de l’enquête sur l’origine des faux listings Clearstream. Il avait dû quitter son poste en 2007, à l’arrivée du très sarkozyste Squarcini aux manettes de la DCRI.
Le 23 février, la réunion est entièrement consacrée à la future académie. Mais, à la fin, Bousquet de Florian demande à voir Didier en tête-à-tête. Une note de la DGSI est arrivée sur son bureau, laquelle affirme que le quinquagénaire a des accointances avec le Mossad, qu’il pratique le krav-maga (technique d’autodéfense utilisée par Tsahal) et qu’il participe au service de sécurité du collège juif où sont scolarisés ses enfants.
Milice politique. La note, classifiée évidemment, sent le soufre. C’est une vaste plaisanterie, lui aurait répondu Didier. Il est juif, c’est vrai, mais ses liens avec Israël s’arrêtent à peu près là. Le service de sécurité en question n’est qu’une association de parents d’élèves bénévoles chargés de veiller sur les entrées et les sorties de l’école, comme il en existe dans tout établissement juif depuis les attentats perpétrés par Mohammed Merah en 2012. Et concernant le krav-maga, l’aurait-on soupçonné d’intelligence avec l’Inde s’il était adepte du yoga ? Bousquet de Florian décide finalement d’en rester là, mais, un mois plus tard, fin mars 2018, Didier est convoqué par la Sécurité intérieure de la DGSI et cuisiné durant de longues heures. Les agents lui mettent une pression maximale, allant jusqu’à lui soumettre les photographies de chacune de ses ex-copines ou le portrait de chaque parent bénévole au Service de protection de la communauté juive de l’école de ses enfants, géré par le CRIF. Fait-il oui ou non partie d’une milice politique ? lui demande-t-on, selon des sources concordantes. Son employeur lui reproche également d’avoir invité à dîner un Américain, consultant en relations internationales vivant à Londres, sans l’avoir déclaré au service, et de s’être fait recommander par lui en 2017 pour un poste sensible à l’Otan, au sujet duquel il avait déjà été chaudement appuyé par Laurent Nuñez. Didier se défend et affirme voir cet individu, rencontré lors d’une conférence internationale il y a des années, tout au plus une fois par an. Et soutient que le règlement ne lui imposait en aucun cas de le déclarer. Dernière faute reprochée, non contestée celle-là, bien que Didier jure que de nombreux cadres de la DGSI font la même chose sans pour autant être congédiés : avoir inséré sa puce professionnelle dans un téléphone grand public, un iPhone en l’occurrence.
Passent les vacances de Pâques. A son retour, Didier est à nouveau convoqué. Son habilitation très secret défense lui est retirée. L’homme n’a plus le droit d’« en connaître ». Ses liens avec le Mossad ne sont même plus évoqués. Officiellement, ne sont retenues contre lui que l’utilisation d’un téléphone non sécurisé et la proposition du consultant américain d’appuyer sa candidature à l’Otan, laquelle aurait dû être vue par Didier comme une possible « accroche » de la part d’un service de renseignement étranger, selon une note écrite par Claire Landais, qui dirige le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN). D’après ce document, versé à la justice administrative et tombé entre les mains du Point, ces vulnérabilités font peser une menace grave sur la défense nationale. Qu’importe le fait que Didier ait toujours été très bien considéré par sa hiérarchie, qu’il présente des « notations administratives exemplaires » et des « appréciations élogieuses ».
Israël non convié. Contactés, ni le ministère de l’Intérieur, ni l’Elysée, ni le SGDSN n’ont souhaité répondre à nos questions. Les fautes de Didier méritaient-elles qu’on mette à la porte, sans autre cérémonie, un fonctionnaire avec quinze ans d’ancienneté ? Le projet d’Emmanuel Macron a-t-il créé tant de remous que le monde du renseignement a cru bon devoir l’attaquer en faisant tomber son représentant ? En mars, le Collège du renseignement en Europe a finalement été réuni pour la première fois à Paris. Trente pays et une soixantaine de services de renseignement étaient représentés. L’Europe doit unir ses forces afin de ne pas dépendre demain des « informations glanées par les Etats-Unis, la Chine ou la Russie », a déclaré Macron. Israël et le Mossad n’étaient pas conviés. Selon une source au tribunal administratif de Paris, Didier aurait quant à lui entrepris de contester le retrait de son habilitation. Une audience, extrêmement rare dans ce type d’affaire, doit se tenir dans les prochains jours§
* Le prénom a été modifié.
Source :
https://www.lepoint.fr/societe/secret-defense-un-agent-de-la-dgsi-au-service-d-israel-03-07-2019-2322607_23.php#xtmc=mossad&xtnp=1&xtcr=4

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7 Commentaires

  1. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Macron !

    • Franccomtois dit :

      Je ne te le fait pas dire Josué.Par contre je me sens plus rassuré de voir un rapprochement,même un partenariat de nos différends Service avec Israel,qu´avec des pays gérés par la secte á momo.
      Tient une petite Video qui fait réfléchir:

      Richard Gotainer – Les Moutons (Clip officiel) :
      https://youtu.be/iQBrnBHGxI0

    • Lys dit :

      Plus que pourri Josué ! Au fait, on en est ou avec l’affaire Benalla ?

  2. roni dit :

    ouai cest pourri
    la dgsi est infiltre par les islamiste meme l elysee…
    ils sont tellement obsede par le mossad en france..

  3. jacko lévy dit :

    * Le prénom a été modifié.

    hahahaha! c’est en réalité Alfred …. Alfred Dreyfuss

    rien n’ a changé depuis! immondes salauds pour lesquels les juifs n’ ont pas leur place, ni au quai d’ orsay, ni dans les hauts gradés de l’ armée, et (Mossad oblige) ni dans le Renseignement

    malgré les trop nombreux tuyaux et coups de main du Mossad a la plethore de services de renseignements français

    (toujours le même Ahasverus en terre de France)

  4. benjamin dit :

    la meme mesaventure s est produite aux états unis pour une tres haute nomination a la NSA a un juif americain !depuis l affaire pollard il y a mefiance malheureusement pour les postulants juifs !

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