Vabre, nouveau village des Justes dans le Tarn

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Le petit bourg tarnais, dont les habitants cachèrent une centaine de juifs entre 1942 et 1945, vient de rejoindre le réseau Villes et villages des Justes de France.
Mettre en lumière ce qu’il appelle« l’héroïsme ordinaire ». Et surtout transmettre cette mémoire avant qu’elle ne tombe dans l’oubli. C’est l’objectif de Michel Cals, professeur de littérature tout frais retraité.

Depuis quelques années, il s’est plongé dans les archives de son petit village de Vabre (Tarn) pour rappeler l’histoire de ses habitants, qui ont accueilli et sauvé des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
Certes, les historiens ont largement exploré le passé résistant du département et l’histoire du maquis de Vabre, dirigé par le Vabrais Guy de Rouville (alias Pol Roux), qui avait la particularité de compter dans ses rangs de nombreux combattants juifs.
« Mais l’action des villageois qui cachèrent entre 1942 et 1945 une centaine de personnes est encore trop ignorée, raconte l’universitaire. Il fallait leur rendre hommage ». À l’époque, le bourg de 1 200 âmes est une place forte de l’industrie textile, avec notamment l’usine Faure Claron et Cie dirigée par le père de Guy de Rouville, qui travaille pour les ateliers du Sentier parisien.
Ces relations commerciales expliquent le choix de Vabre pour échapper à la traque des nazis, mais pas seulement. Le lieu présente deux autres avantages. Cette zone de montagne est alors très isolée et loin des grands axes routiers.
Et c’est aussi un vieux pays protestant – plus de 60 % des habitants – moralement très sensibles au sort des réfugiés. « Deux hommes vont jouer un rôle très important : le pasteur Cook et l’abbé Cugnasse, qui dirigeait alors l’école catholique voisine de Saint-Louis-de-Pratlong, souligne Michel Cals. Et toute la population sera à l’unisson : il n’y aura aucune dénonciation et tous les juifs accueillis repartiront vivants à partir de 1944 ».
Cette image positive, Michel Cals entend bien la faire revivre, surtout auprès des jeunes. Il prépare avec un illustrateur un livre jeunesse sur le sujet. Il espère également recueillir des fonds pour enrichir le petit musée local sur le maquis de Vabre, très axé sur les opérations militaires, avec des éléments sur les Justes locaux.
Le 16 novembre, il est invité par l’instituteur du village pour raconter cette histoire aux élèves. « Et c’est ça le plus important, surtout à notre époque de grande confusion des valeurs », conclut-il.
Vendredi 30 octobre, Vabre a rejoint le réseau Villes et Villages des Justes de France.
source :
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Vabre-nouveau-village-des-Justes-dans-le-Tarn-2015-11-03-1375844

Vabre fier de son passé

Henri Lazar et son épouse sont à l’origine du réveil de la fierté vabraise. /Photo DDM, J. P.
L’histoire des maquis de Vabre avec, ce qui est exceptionnel, sa compagnie de résistants juifs a été, grâce au colonel de Rouville, souvent honorée et chaque Vabrais en connaît la chronologie. Plus confidentiels sont les comportements discrets de tous ceux et celles qui ont caché en les hébergeant des familles juives. Cet héroïsme ordinaire qui n’avait jamais été honoré vient de l’être, Vabre entrant dans le Réseau des villes et villages des Justes de France. Au cours d’une cérémonie organisée par Michel Cals, avec l’aide de la Société des amis du Pays vabrais, se sont retrouvés les acteurs ou leurs descendants de cette période difficile. Les derniers résistants, Guy de Rouville, Raymond Béziat et Jean Bosc côtoyaient Henri Lazar, réfugié avec ses parents juifs d’origine roumaine dans une famille de Ferrières. Une cérémonie qui a permis aussi de découvrir sur l’écran avec un film d’Hervé Nathan, journaliste à Marianne, les maquisards juifs de la compagnie Marc Hagueneau, dont son père Jean-Paul Nathan. Hommage a été rendu aux gendarmes de Vabre et plus particulièrement à Hubert Landes, qui en prévenant les civils juifs réfugiés dans les familles a évité à ceux -ci d’être raflés. En déposant une gerbe au pied de la plaque fixée sur le mur de la gendarmerie qui porte témoignage, grâce à Henri Lazar qui l’a offerte à Vabre, du comportement parfait des gendarmes à cette époque, ce dernier rend à Vabre sa mémoire.
En soirée, Michel Cals a permis aux montagnols de Vabre à Lacaune, en leur passant le micro, de raconter leurs souvenirs parfois recoupés par les observations des historiens présents dans la salle. Vabre devient le second village tarnais après Lacaune à entrer dans le Réseau village des Justes, honneur a été rendu à nos anciens.
source :
http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/03/2209661-vabre-fier-de-son-passe.html

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2 Commentaires

  1. * Juifs et protestants en France, les affinités électives : Patrick Cabanel

    Y a-t-il eu, face aux juifs, des chrétiens différents, capables de s’extraire plus vite de cet antijudaïsme pluriséculaire dont on sait qu’il a frayé la voie à l’antisémitisme dans l’Allemagne luthérienne comme dans la France catholique ? Il semble que ce fut le cas des protestants français. Calvin a été le premier à parler autrement des juifs et de leur salut et, en dépit d’exceptions, ses héritiers l’ont suivi, parfois sous les traits d’un millénarisme philosémite.

    L’histoire a fait le reste. Marquée par les tribulations, l’exil et la fidélité, elle a rendu les huguenots français, nourris de l’Ancien Testament, exceptionnellement proches des juifs. Les deux minorités se croisaient dans le Livre, dans la diaspora européenne, dans la modernité. La Révolution française a fait des uns et des autres des citoyens de plein droit, la République laïque les a vus actifs dans plusieurs de ses chantiers. Expérience unique de judéo-protestantisme, que les antisémites et les maurrassiens ont violemment dénoncée. Les protestants ont été dreyfusards. N’avaient-ils pas eu leur affaire Calas ? De même, pendant les années noires, les replis secrets des Cévennes ont accueilli par centaines les nouveaux parias de Vichy, tandis que l’Eglise réformée rappelait publiquement la solidarité des chrétiens et des juifs. Il y a désormais une mémoire partagée, même si le conflit israélo-palestinien est venu troubler les choses.

    Ce sont ces affinités électives entre deux minorités situées tantôt à la périphérie, tantôt au cœur de l’histoire de France, que ce livre a entrepris de décrire.

    https://mediaserver.unige.ch/play/85804

  2. Pierre un gaulois dit :

    Pas loin de là, à Lacaune, sur un bloc de pierre, une longue liste de juifs qui n’ont pas eu cette chance.

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