
Roussillon : « Une clique raciste », quatre jeunes de la Loire condamnés à du sursis pour avoir dégradé une mosquée
Quatre hommes comparaissaient ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Vienne. Poursuivis pour avoir dégradé la mosquée de Roussillon, ils ont écopé d’une peine d’un an de prison avec sursis. À l’audience, il était évidemment question de racisme.
Les faits remontent à la fin de l’été. Dans le nuit du 27 au 28 juin 2025, quatre personnes cagoulées dégradent la mosquée de Roussillon et collent des autocollants racistes sur l’édifice. Les assaillants repartent ensuite en voiture. Après avoir identifié la plaque d’immatriculation, et effectué des relevés sur les autocollants, les enquêteurs ont fini par interpeller les suspects le 8 octobre.
Devant les forces de l’ordre, ceux-ci, âgés de 19 à 26 ans et originaires de St-Just-sur-Loire, Pélussin et Maclas dans la Loire ont reconnu les faits. Ils avaient bu et voulaient s’en prendre à des musulmans.
« Eviter un nouveau drame comme celui de Crépol »
Dans le box, les quatre jeunes hommes multiplient les excuses et regardent leurs chaussures quand la présidente du tribunal enchaîne les questions. Au plus âgé, qui dit avoir crée une association identitaire nommée Baraban « pour éviter un nouveau drame comme celui de Crépol », la magistrate réplique « Et vous pensez réussir en sortant bourrés et cagoulés ? », avant d’enchainer : « Vous dites que vous n’aimez pas les racailles, mais comment vous comportez -vous ? »
Au fur et à mesure de l’audience, le profil des prévenus se dresse. Quatre jeunes, qui vivent chez leurs parents. Deux sont en CDI, un est intérimaire, le dernier en CAP. L’un possède un photomontage de lui même le représentant en Hitler. L’autre se fait appeler du nom du dictateur allemand dans un jeu vidéo de la Seconde Guerre Mondiale « où il joue l’Allemagne ».
L’un consomme des stupéfiants – « Pourtant, vous dites que vous n’aimez pas les dealers » tacle la présidente -, l’autre, adhérent du Rassemblement National dit « assumer de voter à droite ». Le même qui, quand le tribunal le questionne sur son rapport aux étrangers, répond : « Je n’aime pas ceux qui n’aiment pas la France, mais j’ai des potes arabes ».
Tous les quatre dressent le même déroulé de la soirée du 27 au 28 juin. Trop de boissons, une montée d’excitation, et direction Roussillon- « Alors qu’en plus, on ne connait pas cette ville » souffle un prévenu – pour « faire peur aux voyous qui sèment la zizanie dans nos bals ». Ils n’en croisent pas en pleine nuit, alors direction la mosquée. Là, cagoulés, deux collent des autocollants racistes – « Drapeau noir pour copain blanc » -, le troisième frappe à coups de batte de baseball sur la porte. Le quatrième, le plus âgé, attend dans la voiture.
« On se rend compte maintenant que c’était bête. Il n’y a aucun lien avec la mosquée, ce n’étaient pas les bonnes personnes » répond au tribunal l’un d’entre eux.
« Vous portez le racisme »
« ll s’agit d’une clique raciste, mal structurée, de jeunes nationalistes, enfonce le procureur de la République de Vienne. Ils renvoient l’image nauséabonde d’une ratonnade, et contribuent à creuser le fossé entre les communautés. »
« Vos idées, vos actes, sont racistes, abonde l’avocat de la partie civile, l’Association du Culte Musulman Roussillonnais (ACMR). Vous portez le racisme. Sur les autocollants apposés sur la mosquée, ils prônent « zéro tolérance ». Eh bien donnons leur zéro tolérance », plaide l’avocat.
L’une de ses consœurs de la défense rappelle le casier judiciaire vierge des quatre prévenus, leurs aveux, et réfute le terme de « milice » employé plus tôt par le procureur. L’avocate évoque pour sa part « une sale idée sur fond d’alcool ».
Les fidèles de la mosquée sous le choc
À la barre, le président de l’ACMR prend également la parole, en regardant les prévenus dans les yeux. « Notre communauté est sous le choc. Si vous aviez pris le temps de lire les statuts de notre association, vous vous seriez rendus compte que nous sommes là pour aider les jeunes et proscrire les violences. »
Ému, celui qui a été pendant longtemps éducateur spécialisé, poursuit : « Les jeunes comme vous, je les connais. Je ne comprends pas. Je suis autant français que vous ! Maintenant, on a peur. En un sens, vous avez réussi votre action. Depuis fin juin, 30% des fidèles ne viennent plus. »
Les jeunes Ligériens renouvellent leurs excuses. L’un d’eux tente timidement : « S’il faut aider, je peux le faire ».
Alors que le parquet avait requis un an de prison ferme aménageable, avec mandat de dépôt, le tribunal a opté pour une peine plus souple.
Les quatre prévenus, coupables de « dégradation en réunion d’un édifice religieux, participation à un groupement formé en vue de la commission de violences ou de dégradations, incitation à la haine à raison de la race ou de la religion » ont été condamnés un an de prison avec sursis, assorti d’une période probatoire de deux ans. Ils écopent également de 140 jours de travaux d’intérêt général, et ont l’obligation d’effectuer un stage de citoyenneté, à leurs frais. Par ailleurs, il leur est interdit de se rendre à Roussillon pendant cinq ans.
À la fin de l’audience, timidement, les condamnés rattrapent le président de l’ACMR dans les couloirs, accompagnés de leurs parents, pour présenter à nouveau leurs excuses.
Source
https://www.francebleu.fr/