Alain Soral ira-t-il en prison ?

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La cour d’appel se prononce ce mercredi sur le mandat d’arrêt délivré contre l’essayiste d’extrême droite condamné en 2019 pour négationnisme.
Par Baudouin Eschapasse
La 13e chambre du tribunal de grande instance de Paris avait voulu envoyer un signal fort. Le 15 avril dernier, Alain Soral était condamné à un an de détention (là où le parquet ne requérait que six mois de prison), une peine assortie d’un mandat d’arrêt, pour avoir contesté l’existence de la Shoah. Les magistrats entendaient faire comprendre à cette figure du complotisme d’extrême droite, antisémite multirécidiviste, qu’il ne pouvait multiplier impunément ses appels à la haine sur son site Internet, ironiquement baptisé « Égalité et Réconciliation ».
Las. Le ministère public avait fait appel du mandat d’arrêt, estimant que la décision d’écrouer le condamné « [était] dépourvue de base légale ». En jeu ? L’interprétation de l’article 465 du Code de procédure pénale. Selon ce texte, les juges peuvent prononcer un mandat d’arrêt lorsque le condamné n’est pas présent à l’audience « s’il s’agit d’un délit de droit commun ou d’un délit d’ordre militaire ». Or, le procureur de Paris, Rémy Heitz, fait remarquer que la condamnation d’Alain Soral résulte de l’application de dispositions figurant à l’article 24 bis de la loi de 1881, texte législatif qui régit les délits de presse.
Les faits reprochés à Alain Soral concernent un dessin paru sur son site et représentant Charlie Chaplin devant une étoile de David. Un cartel, à gauche de l’image, porte le texte « historiens déboussolés », une bulle fait dire au personnage « Shoah où t’es ? « ; tandis que des objets (des cheveux, une chaussure, un savon et un abat-jour) répondent « ici », « là », « et là aussi ». Le sous-texte de ce prétendu dessin d’humour est limpide. La formule interrogative, posée dans la bulle, comme le cartel, expriment explicitement la possiblité de questionner la réalité de l’extermination des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Les objets renvoient aux pièces exposées à Auschwitz (tas de cheveux et de chaussures ayant appartenus aux victimes du génocide), les deux derniers font allusion aux savons confectionnés par les nazis à partir de restes humains et aux abats-jour réalisés, dans certains camps, à base de peau, humaine là encore.
« Munich judiciaire »
L’appel formé par le ministère public, en remettant en question le mandat d’arrêt lancé contre Alain Soral, désormais fugitif, vide la condamnation pénale prononcée de sa substance. Cette décision, qualifiée de « Munich judiciaire » (en référence à la conférence des 29 et 30 septembre 1938, au cours de laquelle les délégations française et britannique s’étaient piteusement couchées devant Adolf Hitler) par plusieurs associations antiracistes, à commencer par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et SOS Racisme, mais aussi le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), a soulevé un vent de protestation. Le parquet a cependant maintenu son appel. « Garant des libertés individuelles et du respect de la légalité, le parquet n’avait pas d’autre choix que d’interjeter l’appel et de ne pas ramener à exécution ce mandat d’arrêt. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme ne peut se passer de la stricte observation de la loi. Elle ne saurait prospérer en dehors de ce cadre », s’est justifié, dans Le Monde, Rémy Heitz.
L’appel du ministère public doit être examiné mercredi 22 janvier à partir de 13 h 30 par la cour d’appel de Paris. Les magistrats confirmeront-ils ce mandat d’arrêt ? Ce serait le seul moyen de faire exécuter la condamnation dont fait l’objet Alain Soral (de son vrai nom Alain Bonnet), lequel ne se présente plus lors de ses convocations devant les tribunaux, de crainte d’être écroué. L’intéressé s’est installé en Suisse pour échapper à la justice. Contacté, Damien Viguier, l’avocat d’Alain Soral, dont l’un des cabinets est, lui-même, implanté à Genève, affirme que « ce n’est pas seulement la validité du mandat d’arrêt qui sera examinée lors de cet appel, mais l’ensemble du dossier. » Damien Viguier a, lui-même, été condamné à 5 000 euros d’amende pour complicité du délit de contestation de crime contre l’humanité, au motif que sa plaidoirie, publiée sur le site d’Alain Soral, remettait en cause, elle aussi, la réalité du génocide. « Je me suis contenté de dire que des cheveux et des chaussures ne sont pas des symboles de la Shoah », se défend-il, en raccrochant précipitamment, comme on lui pose d’autres questions.
La décision du ministère public tombe mal. Selon un sondage réalisé par l’Ifop et rendu public, le 21 janvier, 70 % des Français juifs (84 % dans la trache d’âge des 18-24 ans) disent avoir été confrontés, à un moment de leur vie, à un acte antisémite, dont près d’un quart (23 %) s’est traduit par une « agression physique » (39 % chez les 18-24 ans). En France, 34 % des Juifs se sentent menacés en raison de leur appartenance religieuse (contre 8 % pour l’ensemble de la population). « Après la marche de janvier 2015 [après les attentats contre Charlie, des policiers et le commerce casher de Vincennes, NDLR], on aurait pu espérer un élan de fraternité. Paradoxalement, chaque agression antisémite provoque un effet réplique », regrette le grand rabbin de France, Haïm Korsia, dans Le Parisien du 21 janvier.
Une haine obsessionnelle persistante
« Si la France s’est dotée d’un arsenal judiciaire contre le racisme et l’antisémitisme, ce n’est pas par hasard. Ce n’est pas une lubie ou un caprice exigé par telle ou telle communauté. Ce n’est pas un cadeau consenti à telle ou telle souffrance. C’est une nécessité vitale pour notre régime de libertés en raison du fait que ces fléaux ont défiguré l’humanité et qu’ils tuent encore selon une mécanique immuable : l’ensauvagement des mots précède, toujours, l’ensauvagement des actes. Un raciste ou un antisémite qui appelle à la haine est une bombe à retardement et à fragmentation pour le corps social », pointent les signataires de la tribune du 6 mai. Ils relèvent avec dépit « que même Robert Faurisson, tortionnaire récidiviste de l’Histoire, antisémite et négationniste chimiquement pur, est mort sans avoir jamais connu un seul jour de prison, lui qui l’avait pourtant mérité mille fois à force de provoquer les consciences, les juges et les victimes ». Alain Soral bénéficiera-t-il de la même clémence ?
L’intéressé, dont les tribunaux ont maintes fois relevé la « haine obsessionnelle persistante » des juifs, a été condamné à de la prison ferme dans plusieurs autres affaires. En janvier 2019, c’était pour avoir injurié une magistrate ; en avril suivant pour un dessin antisémite ; en septembre, pour un clip de rap violemment xénophobe. Sa dernière condamnation remontait à octobre dernier… Le tribunal avait alors estimé que le fait de qualifier le Panthéon de « déchetterie casher » trahissait sa volonté de « salir et de poursuivre [les victimes du nazisme] par-delà la mort », le terme de « déchet » n’étant pas anodin en ce qu’il « renvoie, dans le contexte, à la déshumanisation subie par les juifs telle que décrite par les survivants et témoins des camps, et plus spécialement des camps de la mort, comme celui qu’a connu Simone Veil », ont souligné les juges. Les magistrats avaient précisé que « ses mots sont en eux-mêmes des actes de haine et de provocation ».
Source :

https://www.lepoint.fr/justice/alain-soral-ira-t-il-en-prison-22-01-2020-2358933_2386.php

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8 Commentaires

  1. Paul06 dit :

    La Justice française est parfois bienveillante envers certains haineux recidivistes…

  2. Gilles-Michel De Hann dit :

    Suis interdit de FB pendant 30 jours pour cette publication sur Alain Soral, qui ne correspondrait pas aux critères de communauté. J’ai demandé un réexamen de la dite publication. Si je n’obtiens pas satisfaction, je fermerai définitivement mon compte.

    Amitiés. À plus.

  3. Gilles-Michel De Hann dit :

    * Audience surréaliste au procès d’Alain Soral.

    L’examen de la validité du mandat d’arrêt délivré contre Alain Soral est renvoyé au 28 mai pour une raison inattendue. Explications.

    https://amp.lepoint.fr/2359379

  4. benjamin dit :

    il faudrait le jeter dans une fosse septique en compagnie de son copain arabo islamique maghrebin youssef hindi !!!!! grande gueule bien sur comme tous ces maghrébins qui se l a jouent intellos !!et qui ne branlent RIEN EN FRANCE vivant tres bien des largesses de la republique française!tout gratis en France !!

  5. hérode dit :

    les islamo gauchistes font une ronde en se tenant la main…

  6. aval31 dit :

    Soyons clairs soral et dieudonné n’existeraient sans un livre qui lui aurait du être interdit même sans lois GaySSo tout simplement pour appel au meurtre ce que ne faisait même pas mein kampf.

    L’influence de l’islam se fait en france chez les non juifs par le biais de l’antisémitisme
    -et 80% des français décideurs y compris juifs en sont complices.-

    car ils savent très bien

    La france est déjà une répoublique islamique, le reste n’est que conséquence.
    Au contraire ce genre de procès détourne du vrai problème
    celui qui tue
    Ilan
    Sarah
    Mireille
    martyrise les enfants des écoles et tue aussi des centaines de milliers de gens dans le monde.

    ……après avoir été soumis à la razzia

    Ce procès fait donc 100% le jeu des antisémites….et fait tuer des gens. C’est donc indirectement un appel au meurtre.

    Bravo

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