Jacques Attali, fossoyeur de la République

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Par Richard Abitbol
Imbu de lui-même, sûr de son génie, toujours prompt à disserter sur l’avenir de l’humanité, Jacques Attali est peut-être l’un des personnages les plus surestimés de la République française. Derrière le vernis d’intellectuel visionnaire, c’est une mécanique d’influence, de manipulation et d’opportunisme qui se dessine.
Il s’est toujours présenté comme un éclaireur de l’histoire, mais il s’est systématiquement trompé. Sur la mondialisation heureuse, sur l’Europe fédérale, sur les Gilets Jaunes, sur la pandémie, sur les crises sociales, sur l’écologie, sur la finance, sur l’intelligence artificielle… En réalité, il n’anticipe rien, il adapte ses discours à ce qu’il croit pouvoir faire advenir, avec le cynisme de celui qui a compris que le pouvoir ne réside pas dans la vérité, mais dans la narration. Et comme tout illusionniste, il sait se placer toujours près du projecteur.
Jacques Attali, c’est le DRH du Parti socialiste, mais pas pour le meilleur. C’est lui qui repère, forme, peaufine, relooke. Il a maquillé des technocrates grisâtres pour les vendre comme des sauveurs de la modernité. Macron ? C’est lui. Comme jadis il façonna Ségolène Royal ou Strauss-Kahn. L’essentiel, ce n’est pas la compétence ou la vision, c’est le packaging. Il les choisit jeunes, dociles, issus de la même matrice énarchique et bancaire, puis les pousse sur le devant de la scène avec le regard satisfait du metteur en scène. Que ça explose ensuite en vol ? Peu importe. Il est déjà passé à la suite.
La République des copains et des coquins ? Il en est la cheville ouvrière. Membre d’innombrables cercles d’influence, conseiller dans l’ombre de tous les présidents depuis Mitterrand, architecte occulte de réseaux de pouvoir mêlant haute fonction publique, banques, cabinets de conseil, médias et loges, Attali incarne cette oligarchie qui prétend penser à la place du peuple. Un peuple qu’il juge avec mépris, à peine bon à voter une fois tous les cinq ans, pour valider le prochain costume sur-mesure qu’il aura taillé pour un énarque.
Il parle de démocratie, mais n’a jamais cru au suffrage populaire. Il parle d’avenir, mais n’a jamais vu venir la colère des peuples. Il parle d’économie, mais a contribué à brader les fleurons industriels. Il parle de liberté, mais rêve d’un monde gouverné par une élite auto- désignée, sans frontières ni racines.
Alors oui, Attali est peut-être le plus dangereux des fossoyeurs de la République. Non pas en tant qu’homme politique, mais en tant qu’idéologue. Il a imposé une vision technocratique, désincarnée, désengagée, déracinée de la Nation, de la souveraineté, du réel. Il a contribué à faire de la politique un casting, de la pensée une communication, de la France un simple département de l’empire globalisé.
Et le pire, c’est qu’il continue à donner des leçons. Avec cette condescendance de ceux qui croient savoir ce qui est bon pour les autres. Mais pour combien de temps encore ? Car les masques tombent. Le peuple se réveille. Et les faux prophètes finissent toujours par être confrontés à leur propre vacuité.
Et on pourrait même dire qu’Alain Minc en est le double en miroir, le syndic de faillite de la pensée politique française, là où Jacques Attali en serait le metteur en scène mégalomane.

Alain Minc, clone froid d’une intelligentsia en déroute
S’il fallait brosser le portrait-robot de l’oligarchisme français, Alain Minc apparaîtrait en bonne place. Même profil que Jacques Attali : normalien, énarque, conseiller des puissants, omniprésent dans les couloirs du pouvoir mais toujours sans légitimité démocratique. Minc, c’est l’ombre portée de la Ve République finissante, le spectre froid du « conseiller sans peuple », de l’idéologue sans chair, de l’expert sans remords.
On pourrait dire de lui qu’il pense tout, sur tout, tout le temps, mais toujours en retard d’une crise et en avance d’un renoncement. Comme Attali, il ne cesse de se tromper – mais avec élégance et assurance. Il a soutenu tous les présidents ou presque : Mitterrand, Balladur, Sarkozy, Hollande, Macron… Il a été « macroniste » avant même que Macron ne sache qu’il allait être président. Non par conviction, mais par instinct de cour.
Minc ne dirige rien, il influence tout. Il conseille sans jamais assumer, suggère sans jamais agir, théorise sans jamais rendre de comptes. Il est l’intellectuel d’apparat, le consultant de salon, le « pivot intellectuel » de tous les renoncements. Quand la France perd ses usines, il vante la modernité post-industrielle. Quand la société se fracture, il parle de mondialisation heureuse. Quand la souveraineté s’effondre, il théorise l’irréversibilité européenne. Toujours du côté des gagnants, même quand tout le monde perd.
Son mépris du peuple est à peine voilé. Il l’a traité d’ »archaïque », d’ »égoïste », de « populiste ». Lui sait. Lui comprend. Lui anticipe. Mais jamais il n’écoute. Jamais il ne doute. Car pour Minc, le peuple est un bruit de fond. Le vrai pouvoir est ailleurs, dans les conseils d’administration, les dîners mondains, les rapports confidentiels à cinq chiffres.
Comme Attali, il incarne cette technocratie désincarnée, ce clergé laïc post-républicain qui confisque le pouvoir au nom du savoir. Une intelligentsia qui ne produit plus ni idées neuves ni projets de société, mais qui recycle à l’infini le même catéchisme libéral, européiste, désaffilié.
Attali et Minc, c’est le duo tragique d’une France qui a cessé de croire en elle-même. Deux oracles d’un monde sans peuple, sans frontières, sans mémoire. Deux figures d’un pouvoir spectral, qui règne sans gouverner, qui parle sans écouter, qui influence sans agir. Deux fossoyeurs non pas de la République seulement, mais de la démocratie vivante, de la Nation concrète, de l’intelligence populaire.
© Richard Abitbol

happywheels

3 Commentaires

  1. joseparis dit :

    Monsieur Abitbol a raison à 100%. Ce qui est le plus incroyable, c’est que ces deux-là se sont trompés sur tout depuis 50 ans, ils nous ont foutu dans une merde noire, et malgré tout ils continent à être consultés et invités sur les plateaux télé et radios ! Une aberration.

    • liguedefensejuive dit :

      D’après les calculs, l’écrivain-entrepreneur pèserait près de 245 millions d’euros. Outre ses gains professionnels il devrait son immense fortune à de judicieux placements boursiers, un patrimoine immobilier conséquent et le très lucratif contrat publicitaire avec les cosmétiques CoverGirl. Il possèderait également plusieurs restaurants à Paris (dont la chaîne « Chez l’gros Jacques »), un club de Football à Alger, et serait également impliqué dans la mode adolescente avec une ligne de vêtements « Attali Séduction » ainsi qu’un parfum « L’eau de Jacques », autant de succès financiers.

      Cette première place était très attendue par les fans de Jacques Attali qui n’osaient plus espérer ce retour triomphal sur le devant de la scène.
      source
      https://fr.mediamass.net/people/jacques-attali/plus-gros-salaire.html#google_vignette

  2. danny dit :

    Je l’avais lu quand il était sorti ce matin. Il n’y a rien à ajouter. Texte matriciel d’une rare lucidité et d’une extraordinaire justesse !

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