La France insoumise « passionnément antisémite », la preuve par Malka
L’avocat publie la plaidoirie qui a valu à son client Raphaël Enthoven d’être relaxé le 6 novembre dernier dans le procès pour injure publique que lui intentait LFI.
Par Nicolas Bastuck
our défendre Raphaël Enthoven, poursuivi par La France insoumise (LFI) pour « injure publique », Me Richard Malka opte pour une stratégie définitive : démontrer que son client dit vrai. « #LaFranceInsoumise est un mouvement détestable, violent, complotiste, passionnément antisémite », avait tweeté le philosophe sur son compte X (290 000 abonnés), le 1er mai 2024. Raphaël Glucksmann, candidat aux européennes, venait d’être pris à partie par un groupe de manifestants, aux cris de « Casse-toi ! Palestine vivra ! », ce qui avait révulsé l’écrivain.
Tout à sa recherche d’une offre de preuves solides, Me Malka compile, durant plusieurs mois, les déclarations des dirigeants du parti d’extrême gauche, sur les plateaux, les réseaux ou à l’Assemblée, traquant dans ce verbatim les traces d’un antisémitisme plus ou moins larvé. Il en tire cette conclusion implacable, qu’il livre le 23 septembre à la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, où est jugé son client : « LFI coche toutes les cases antisémites. »
Le symbole des « dragons célestes »
Sa plaidoirie fourmille d’exemples. Me Malka cite le député David Guiraud qui, en 2023, déclare que « le bébé dans le four, ça a été fait par Israël » ; le même élu Insoumis qui, dans un tweet vengeur, reprend le symbole des « dragons célestes », utilisé par les antisémites du monde entier pour stigmatiser les Juifs ; le militant Taha Bouhafs, qui reproche à Benoît Hamon de ne pas vouloir louper « les petits fours du Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France, NDLR] ».
Il fait un sort à Jean-Luc Mélenchon quand celui-ci évoque la « diaspora » pour désigner ses compatriotes de confession juive, moque la « laisse communautaire » à laquelle serait attaché le député Jérôme Guedj, juge l’antisémitisme « résiduel », alors que les faits de cette nature explosent en France après les attaques du 7-Octobre, se refuse à toute autocritique après la parution d’une affiche représentant Cyril Hanouna sous les traits du « Juif éternel » de Goebbels…
Dans ce pot-pourri, les propos que tient Mélenchon durant l’été 2020, sur BFM TV, sidèrent l’avocat : « Je ne sais pas si Jésus était sur la croix [mais] je sais qui l’y a mis, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes », ose le chef des Insoumis.
« Il n’a pu s’empêcher, ce jour-là, d’en revenir à la question juive qui semble lui dévorer le cerveau : revoilà le peuple déicide ! » s’étrangle Me Malka face au tribunal. « Il en va ainsi de l’antisémitisme : il finit toujours par renaître de ses cendres, venant d’une religion ou d’une autre, de droite ou de gauche, là où on ne l’attend pas. Aucune haine ne mute aussi bien que celle du Juif. »
Au-delà du succès judiciaire que lui a valu cette plaidoirie mémorable – Enthoven a été relaxé et LFI n’a pas fait appel –, Me Malka fait œuvre de salubrité politique en la reprenant aujourd’hui dans un livre (Passion antisémite, Grasset), comme il l’avait fait après les deux procès des complices des frères Kouachi, où il défendait Charlie Hebdo (Le droit d’emmerder Dieu et Traité sur l’intolérance, plus de 200 000 exemplaires vendus).
« L’antisémitisme n’a jamais disparu, mais après Auschwitz il était devenu honteux. Il revient de manière décomplexée et paré de vertu, sous couvert d’antisionisme, et menace de manière quasi existentielle ce qui nous relie : la République, l’humanisme, les Lumières. On change de monde et il m’a paru nécessaire d’en témoigner, pour que chacun ouvre les yeux », confie l’auteur, pour qui les combats judiciaires et politiques ont toujours été indissociables. La démonstration de Richard Malka est édifiante. Et salutaire.
Source Le Point

