« La guerre d’Oslo » de Joël Fishman et Ephraïm Karsh

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Ce livre excellent au titre provocateur et lapidaire est écrit par deux historiens : Joël Fishman, chercheur au Jerusalem Center for Public Affairs (JCPA), et Ephraïm Karsh, professeur au King’s College de Londres, directeur du Middle East Forum et auteur d’un livre récent remarquable Palestine Betrayed (Yale, 2010). Le 26 octobre 2015, l’Etat d’Israël organise des cérémonies en hommage àYitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995.

Essai passionnant, « La guerre d’Oslo » de Joël Fishman et Ephraïm Karsh est composé de deux parties – « Anatomie d’une illusion » (Ephraïm Karsh ) et « L’étrange mésaventure d’Oslo » (Joël Fishman) – nourries de citations indiscutables et dont la première partie est lisible sur Internet.

Dans sa préface, Shmuel Trigano souligne l’exception diplomatique israélienne dans l’histoire des relations internationales :
« Où a-t-on vu un Etat vainqueur d’une guerre d’agression (la guerre des Six jours), décrétée contre lui, remettre les gages de sa victoire (au demeurant des territoires ridiculement exigus) à son ennemi le plus invétéré, alors dans une position de grande faiblesse stratégique, lui donner des armes pour qu’il lève une « police », avec pour seule demande la « prière » que cet ennemi daigne le reconnaître ? »

Un leurre stratégique
Le 13 septembre 1993, la Déclaration de principe est signée à Washington, en présence de Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, de Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), et de Bill Clinton, Président des États-Unis. Elle fixe des modalités de négociations pour mettre un terme au conflit et prévoit une autonomie palestinienne temporaire de cinq ans.

Non ratifiés par l’OLP, les accords d’Oslo appliquent la « stratégie par étapes » adoptée en 1974 par l’OLP :
« Les Palestiniens recevront tout territoire qu’Israël leur remettra, puis l’utiliseront comme tremplin pour procéder à d’autres gains territoriaux jusqu’à ce qu’ils obtiennent la « libération totale de la Palestine », la liquidation de l’Etat juif ».
Ce qu’énonce Yasser Arafat dès le 13 septembre 1993 – jour de la signature de la Déclaration de principes à Washington entre Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, Bill Clinton, président des Etats-Unis, et Yasser Arafat, président de l’OLP ganisation de libération de la Palestine) – dans un discours préenregistré et diffusé par la télévision jordanienne, et ce qu’il répète malgré les réactions de colère des dirigeants israéliens.

Arafat réitère ses propos le 10 mai 1994, une semaine après la signature de l’accord de Jéricho-Gaza, lors d’une rencontre avec des dirigeants musulmans en Afrique du Sud : il compare les accords d’Oslo « au traité d’Hudaybia signé par le prophète Mahomet avec les habitants de La Mecque en 628 et violés au bout de deux ans seulement lorsque Mahomet se retrouva en position de force ».

Cette tactique du « cheval de Troie » est aussi révélée ouvertement par d’autres dirigeants palestiniens : Fayçal Husseini, Yasser Abed Rabo, Mahmoud Abbas (Abou Mazen), Ahmed Qorei (Abou Ala).
Le « droit au retour » des réfugiés de 1948 et de leurs descendants en Israël et des indemnités pour leurs « préjudices » sont des éléments constitutifs de cette « stratégie par étapes ».

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La visite d’Ariel Sharon sur le mont du Temple le 28 septembre 2000 ? Ce n’était pas une provocation : elle avait a été coordonnée par les Israéliens et les Palestiniens. Et ce n’est que le lendemain que surviennent des « troubles violents qui n’avaient rien de spontané » et étaient attisés par le prêcheur de la mosquée al-Aqsa appelant les fidèles musulmans « à déraciner les Juifs de Palestine ».
Se déroulent une « guerre ouverte sous les yeux des médias du monde entier » déclinant le cliché du prétendu soulèvement populaire palestinien contre un « occupant militaire cruel », et uneguerre « secrète » visant, par des attentats, les civils et les militaires en Israël. Et un étrange processus historique dont les deux protagonistes n’ont jamais évoqué lors de leurs dialogues l’objectif final, et dont les Israéliens n’ont jamais défini le but ultime, à la différence des Palestiniens. Ceux-ci visent l’éradication de l’Etat d’Israël et le massacre de ses habitants juifs.
Méfiant à l’égard du processus d’Oslo et d’Arafat, le Premier ministre Yitzhak Rabin nourrit une « profonde suspicion » à l’égard des deux principaux architectes de ce processus : Shimon Peres, qui rêve de construire un « nouveau Moyen-Orient », et Yossi Beilin.Le reste est duperie des Israéliens et des Américains par Arafat, rejet de la légitimité de l’Etat d’Israël – négation de « la sainteté de Jérusalem pour le judaïsme », etc. – par l’OLP et l’Autorité palestinienne (AP), reconstitution d’une infrastructure terroriste dès l’arrivée d’Arafat à Gaza en juillet 1994, concessions israéliennes face à l’intransigeance palestinienne, détournement de la considérable manne financière internationale, enseignement de la haine des Juifs et des Croisés, diffamation d’Israël, recours au terrorisme comme moyen de pression sur l’Etat Juif (plus de 1 200 personnes assassinées en Israël par les terroristes palestiniens – Fatah,FPLP, Hamas, etc. – depuis septembre 2000), violations systématiques par les dirigeants Palestiniens des accords conclus, préparation de l’Intifada II dès le retour de Camp David, « pouvoir tyrannique et corrompu de l’AP, refus des promoteurs israéliens des accords d’Oslo de reconnaître leurs erreurs ou fautes stratégiques majeures et l’absence de « partenaire pour la paix ».

Joël Fishman constate un « manque de courage » de l’élite Juive, en Israël et en diaspora, et avance que la volonté de Rabin, à la prestigieuse carrière militaire, a été brisée lors de la guerre du Golfe. Cette faiblesse morale expliquerait son absence de réaction aux actes de guerre des Arabes palestiniens.

Quant à Ephraïm Karsh, il souligne le « défaut de perception et l’aveuglement », un « état d’esprit idéologique, mélange d’immaturité politique et d’arrogance » des dirigeants israéliens : le problème serait tactique et susceptible d’être résolu par la diplomatie, et non une « menace stratégique ». Ce professeur évoque des similitudes entre le réarmement allemand de l’entre-deux guerres et celui de l’OLP sous lesaccords d’Oslo – utilisation de la propagande pour mobiliser toute la société, etc. – et analyse la confusion mentale dans les opinions publiques résultant d’un détournement du sens des mots et l’imposition de slogans clivants – « camp de la paix » – et d’une terminologie accusatrice à l’égard de l’Etat Juif :« occupation », « génocide », etc.
« Les déboires d’Israël proviennent de son incapacité à comprendre les buts stratégiques de l’ennemi, ses moyens et ses méthodes… Dans le cadre de la stratégie palestinienne, la guerre et la négociation vont de pair et s’inscrivent dans le « djihad permanent » ». Une phrase à méditer tant elle reste d’actualité plus de six ans après la publication du livre et alors que s’intensifie, notamment en Europe, la campagne pour lareconnaissance d’un Etat palestinien.

Affairisme et corruption
Dans un entretien à Amnon Lord et Gilad Katz publié par l’hebdomadaire israélien Makor Rishon (3 octobre 2008) et repris dans Controverses, Moshé Yaalon raconte son dernier entretien avec le Premier ministre Rabin « en août 1995, deux mois après [sa] prise de fonction aux renseignements militaires ». Moshé Yaalon lui fait part de l’écart entre l’image d’un Arafat prêt à arriver à un compromis territorial dans les frontières de 1967 et le discours d’Arafat aux Palestiniens, la dénégation de l’Etat d’Israël dans les médias et le système éducatif de l’Autorité palestinienne (AP). Moshé Yaalon conseille alors à Rabin de geler le processus d’Oslo. Et Rabin conclut : « L’Autorité palestinienne est à la veille d’élire son président. Je lui présenterai cet ultimatum juste après leurs élections ». Rabin est assassiné le 4 novembre 1995. Une lettre d’Eitan Habar, alors chef du cabinet du Premier ministre Rabin, à Shmuel Fisher du 25 décembre 1994 affirme l’opposition de Rabin à un Etat palestinien.
Moshé Yaalon éclaire aussi certaines décisions politiques ou économiques israéliennes majeures – par exemple, l’abandon par le gouvernement israélien de réserve de gaz naturel au large de la Bande de Gaza au profit de l’AP, dès le gouvernement Barak – par les relations d’affaires entre des dirigeants, fonctionnaires ou conseillers, palestiniens et israéliens, et Martin Schlaff, milliardaire autrichien Juif.

Le 30 décembre 2012, le président Shimon Peres sortant du devoir de réserve auquel l’oblige sa fonction, a qualifié, devant des diplomates israéliens, Mahmoud Abbas (Abou Mazen) de « partenaire pour la paix ». Le 15 avril 2013, dans une interview au Jerusalem Post, Shimon Peres a affirmé ne pas regretter la signature des accords d’Oslo. Ceux-ci ont pourtant induit des vagues d’attentats terroristes approuvés par l’Autorité palestinienne.

Le 17 juin 2013, Naftali Bennett, ministre israélien de l’Economie, a rejetél’idée d’un Etat palestinien. Ce qui a suscité l’ire de l’American Jewish Committee (AJC). Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a maintenu son adhésion à la solution des deux Etats.

Les célébrations quasi-officielles de l’anniversaire du président Shimon Peres contribuent-elles à renforcer les liens de VIP avec l’Etat d’Israël ou à entretenir le culte d’un « acteur de paix » ?

Dans son article Virus de la polio et contamination des aquifères d’Israël (31 juillet 2013), Mark Langfan alerte sur la violation par l’Autorité palestinienne (AP) des accords d’Oslo – non traitement des eaux usées, etc. -, le refus de l’AP de construire avec l’aide financière internationale des stations d’épuration, et la contamination délibérée par l’AP de l’eau dans les parties centrale et méridionale d’Israël. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a indiqué qu' »un poliovirus sauvage de type 1 (PVS1) a été isolé dans des échantillons d’eaux usées prélevés le 9 avril 2013 à Rahat, dans le sud d’Israël. Le séquençage génétique et les investigations épidémiologiques se poursuivent pour en déterminer l’origine. Les analyses préliminaires indiquent que la souche n’est pas liée au virus touchant actuellement la Corne de l’Afrique ».

Pierre Besnainou, président du FSJU (Fonds social juif unifié) a déclaré, ce 25 mars 2014, sur RCJ, radio francilienne financée par cette organisation : « Shimon Peres est un ami, mentor, père spirituel. Je l’ai rencontré il y a une vingtaine d’années après la signature des accords d’Oslo. J’étais assez proche du gouvernement tunisien sou la présidence de Ben Ali. Arafat était à Tunis. La Tunisie a joué un rôle que peu connaissent dans ces accords. J’ai été un passeur de messages de paix entre la Tunisie et l’Etat d’Israël. J’ai fait partie de la première délégation tunisienne à se rendre en Israël… Shimon Peres, ce sera les accords de paix. Shimon Peres, c’est le passé, le présent, ce sera certainement l’avenir… Le processus est malheureusement ralenti. Certainement des problèmes d’hommes… L’Etat palestinien est fondamental. S’il n’y a pas d’Etat palestinien, l’Etat d’Israël n’est pas Juif. Demander aux Palestiniens de reconnaitre un Etat Juif, on peut en débattre. Depuis Oslo, le principe d’un Etat Juif et d’un Etat musulman qui vivent côte à côte, on l’espère en paix, est un élément sur lequel plus personne ne peut remettre en cause… Qu’est-ce qu’un Etat Juif ? « Aucune des trois journalistes – Paule-Henriette Lévy, Annette Lévy-Willard et Jacqueline Rémy – n’a contesté la pertinence de ces propos. Pourtant c’est la reconnaissance d’Israël comme Etat Juif qui est à l’origine du refus par les Etats arabes et les Arabes de la Palestine mandataire du plan de partage onusien en 1947, des guerres successives contre Israël, des trois Non de Khartoum, etc.

Joël Fishman et Ephraïm Karsh, La Guerre d’Oslo. Préface de Shmuel Trigano, traduction par Claire Darmon et Jean-Pierre Bensimon. Les Editions de Passy, collection L’Observatoire, 2005. 257 pages. ISBN : 978-2351460009. 23 €
source :
http://www.veroniquechemla.info/

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