SUISSE- Une caricature antisemite de l’UDC sème le trouble

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«Comment le plus grand parti du pays peut-il diffuser de telles caricatures antisémites?»

Une affiche de l’UDC générée par intelligence artificielle provoque la polémique. Accusée de reprendre des stéréotypes antisémites, cette caricature relance le débat sur l’usage de tels outils en politique

C’est une polémique dont le premier parti de Suisse se serait bien passé. Dans la bataille idéologique sur les accords bilatéraux entre la Suisse et l’Europe, l’UDC a reproduit une caricature qui n’est pas restée inaperçue. Cette affiche de propagande, réalisée par l’intelligence artificielle, met en avant un homme hilare au nez allongé et crochu, aux contours du visage forcés et surtout, dont les poches débordent de billets de banque.
L’UDC fait face à une controverse suite à la publication sur X d’une caricature reproduisant un cliché possiblement antisémite. Le visuel décrié a été retiré jeudi de X mais il demeure présent sur Facebook et Instagram.
Une caricature reproduisant un stéréotype potentiellement antisémite a-t-elle pu être générée par l’intelligence artificielle uniquement avec les mots «EU Bürokrat» entrés dans le moteur de recherche? «Oui», répond à watson le secrétaire général de l’UDC, Henrique Schneider. Le 17 octobre, les journaux du groupe Tamedia, dont 24 Heures et la Tribune de Genève, rendaient compte de l’existence d’une image controversée, produite par l’UDC à l’aide de ChatGPT et publiée sur les comptes X (ex-Twitter) germanophone et francophone du parti national-conservateur.
L’image en question montrait un homme rigolard aux dents jaunies, vêtu d’un costume frappé du blason de l’Union européenne, des billets de banques pleins les poches, affublé d’un long nez tombant et crochu pouvant évoquer les représentations antisémites. La caricature était accompagnée de ce message:
«Le saviez-vous?! Les fonctionnaires de l’UE en Suisse ne devront pas payer d’impôts, ni répondre de leurs actes devant les tribunaux (immunité)! Pour empêcher l’introduction de tels privilèges fiscaux, dites NON au traité d’adhésion à l’UE!»
L’UDC est d’ores et déjà en campagne contre les bilatérales III conclues entre le Conseil fédéral et l’Union européenne, synonymes d’une intégration renforcée de la Confédération dans l’Europe économique, sociale et politique.
Le refus de ces accords est une chose, la caricature à l’appui du propos en est une autre. Citée par nos confrères romands, l’Association d’étudiants juifs en Suisse s’interroge:
De son côté, la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme, bien que jugeant l’image générée par l’IA «problématique», n’envisage pas de poursuites pénales, le texte accompagnant la caricature «ne contenant aucun message antisémite».
Une question, centrale, se pose: quels mots l’UDC a-t-elle bien pu introduire dans le moteur de recherche de ChatGPT pour générer une telle image? «EU Bürokrat», répond du tac au tac Henrique Schneider, sollicité par watson. «EU Bürokrat Privilegien», ajoute une employée du secrétariat de l’UDC jointe séparément. Soit, en français: «UE bureaucrate privilèges».
Nous avons demandé à Henrique Schneider s’il acceptait de nous transmettre la conversation qui a abouti à la génération par ChatGPT de la caricature controversée. Il a refusé, disant que «l’UDC ne publie pas ses données».
Sur ce, nous avons requis les compétences d’un spécialiste de l’IA, Isaac Pante, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne, rattaché au département des sciences du langage et de l’information. Comment est-il possible de générer une image à ce point connotée sans introduire des mots problématiques susceptible de bloquer la recherche?
Plusieurs réponses possibles:
«Si j’autorise les IA à garder en mémoire des échanges que j’ai eus auparavant afin d’obtenir une expérience plus personnalisée, il n’est pas impossible que les IA génèrent une image qui porte la marque de mes interactions avec le système. Ce profilage cumulatif peut conduire à des générations de plus en plus spécifiques.»
Isaac Pante, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne
A ce propos, l’UDC est coutumière d’images provocatrices, comme celles publiées sur ses réseaux sociaux lors de la campagne des élections fédérales de 2023 et qui portaient sur la criminalité étrangère. A l’époque, craignant d’être accusée d’interférer dans le processus électoral, la Commission fédérale contre le racisme avait renoncé à porter plainte.
Source
https://www.watson.ch/

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