Fin d’un mythe : la déroute historique du « Camp de la paix » israélien

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par Shraga Blum
Dans toute société, le débat politique ne peut être tranché que par un seul critère : les réalités générées sur le terrain par l’application des idées. Le séisme géopolitique qui agite le Moyen-Orient depuis le mois d’août est en train de planter le dernier clou dans le cercueil de la conception ancienne et répandue qui voulait que le conflit israélo-palestinien fut l’alpha et l’oméga des problèmes que connaît la région. Découlait de cela que seule la résolution préalable de ce conflit centenaire débloquerait les positions traditionnelles des pays arabes face à Israël. Cette conception est notamment celle de la gauche israélienne, de l’Union européenne, de l’Onu et des Démocrates américains, et elle fut celle du monde arabe jusqu’à ce que cette muraille commence à craqueler et menace aujourd’hui de s’écrouler par un phénomène de dominos. Après des décennies d’obstacles psychologiques, de plus en plus de pays arabes ont compris qu’Israël est bien plus un allié indispensable qu’un « cancer au cœur du Proche-Orient » et qu’à l’inverse, la cause ‘palestinienne’ qu’ils ont d’ailleurs grandement contribué à créer ex-nihilo ne leur a rien apporté.
Cette vision de la centralité de la « question palestinienne » s’était véritablement ancrée dans le discours politique israélien dans les années 1990 avec les Accords d’Oslo qui avaient donné naissance au concept de « Camp de la paix », par opposition au « Camp national » désigné comme belliqueux ou tout au moins réfractaire à la paix, idée saugrenue s’il en est. Ainsi, à chaque élection, l’enjeu était présenté comme un choix décisif entre le « Camp de la paix » et le « Camp national »
Ce « Camp de la paix » s’était érigé en véritable religion en-dehors de laquelle il n’y aurait point de salut et il a exercé un véritable terrorisme intellectuel dans la société israélienne, vouant aux gémonies quiconque osait penser autrement que la doxa imposée en 1993 par Shimon Pérès et ses « jeunes loups » qui avaient ourdi derrière le dos d’Itshak Rabin et tissé des accords dans la capitale norvégienne avec les représentants de l’OLP. Il s’agissait selon Shimon Pérès de créer un « Nouveau Moyen-Orient » au moyen de concessions israéliennes sans précédent et la remise en selle de Yasser Arafat ramené du Tunis pour le mettre à la tête d’une nouvelle instance appelée Autorité Palestinienne. Ce « Camp de la Paix » avait ses organes de propagande, les grands médias israéliens, ses troupes de choc – universitaires et artistes – et ses missionnaires qui se chargeaient (et se chargent toujours) de parcourir le monde pour convaincre de la justesse de leur cause, montrer à quel point les gouvernements de droite étaient opposés à toute paix et encourager les pressions étrangères sur leur propre pays.
Mais très rapidement, cette conception, applaudie des deux mains par la communauté internationale, s’est fracassée sur les rochers de l’ADN du mouvement national palestinien, et les vagues ont pris la couleur rouge sang. Si pour Clausewitz « la guerre n’était que « la simple continuation de la politique par d’autres moyens », pour Arafat, ses sbires et leurs successeurs, le processus de paix s’avérait être la ‘simple’ continuation de la guerre contre Israël par d’autres moyens.
L’échec sanglant d’Oslo, pourtant prévu et annoncé par de nombreux analystes politiques et militaires qui furent ignorés voir ridiculisés par les dirigeants de l’époque et la gauche dans son ensemble, a causé un traumatisme dans la société israélienne qui est encore palpable aujourd’hui et explique en partie les échecs électoraux de la gauche depuis vingt ans et la quasi disparition du Parti travailliste. Ce sentiment s’était encore renforcé après la 2e Intifada (2000-2004) qui avait suivi les pourparlers de Camp David lors desquels le Premier ministre Ehoud Barak avait proposé des concessions israéliennes énormes à Yasser Arafat qui les avait refusées. Quelques semaines après, le chef de l’OLP lançait un mouvement de violences terroristes qui dura plusieurs années et fit des centaines de victimes civiles israéliennes.
Cependant, et c’est regrettable, les artisans de ces accords et ceux parmi leurs successeurs qui prônèrent le même modèle n’ont jamais eu le courage et l’honnêteté de reconnaître leur grossière et tragique erreur commise dans le meilleur des cas par naïveté ou utopisme et dans le pire, par aveuglement idéologique.
À la même époque, en 1995, un certain Binyamin Netanyahou, encore simple député, écrivait un livre intitulé « Une place sous le soleil » dans lequel il exposait sa doctrine sur le conflit israélo-arabe et la solution qu’il entrevoyait à terme. Une vision aux antipodes de l’esprit d’Oslo et qui prétendait que ce ne sont pas les concessions israéliennes qui amèneront la paix entre Israël et les pays arabes mais au contraire la présence d’un Etat d’Israël puissant sur le plan économique et militaire – et donc diplomatique – ainsi que des intérêts communs qui amènerait les Etats arabes à se rapprocher d’Israël.
Il suffit de lire quelques lignes écrites il y a 25 ans pour être impressionné par la vision clairvoyante de celui qui devint Premier ministre quelques mois plus tard et qui voit aujourd’hui sa doctrine validée, après des années de travail, tant en coulisses qu’au grand jour.
« Il y a une possibilité de paix qui n’est pas conditionnée par des concessions dangereuses de la part d’Israël. Une paix qui reposera sur une dissuasion israélienne permanente, basée sur un renforcement de plus en plus important de sa puissance (…) Si, à la prochaine génération, les Arabes finissent par reconnaître qu’Israël est là pour toujours, au Proche-Orient, et que son avenir et d’y rester, il se peut que se produise alors un retournement psychologique dans leur position quant au droit de l’Etat d’Israël à exister (…) Et c’est justement parce que l’Etat juif sera si fort que la majorité du monde arabe se résoudra finalement à établir une paix véritable avec lui (…) Cette vision des choses est totalement aux antipodes de celle qui est en vogue actuellement qui voudrait qu’Israël obtienne la paix uniquement s’il essaie ‘d’apaiser’ les Arabes avec des concessions inconsidérées qui l’affaibliront et le réduiront… »
A l’époque, « plombé » par les Accords d’Oslo signés par ses prédécesseurs, Binyamin Netanyahou devenu Premier ministre avait dû « gérer » tant bien que mal les effets néfastes d’Oslo, en tentant d’en limiter les dégâts. Pour cela, il avait dû cela faire face à l’extérieur à une communauté internationale toujours bloquée dans ses paramètres irréalistes, et à l’intérieur face à un « Camp de la paix » de plus en plus agressif et toujours convaincu que la solution devait prioritairement passer par Ramallah, avec à la clé l’expulsion de dizaines de milliers de Juifs de leurs maisons et une nouvelle partition de Jérusalem.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump, président atypique et sans idées préconçues sur la solution du conflit du Proche-Orient a été l’occasion pour Binyamin Netanyahou de mettre enfin en application la doctrine qu’il soutient et prépare depuis bientôt 30 ans. Et avec méthode, il a mis à profit ses excellentes relations avec le président américain et son administration pour entamer ce virage géopolitique à 180°.
À l’heure actuelle, trois pays arabo-musulmans ont décidé de normaliser leurs relations avec Israël, et au moins cinq autres sont encore à prévoir, y compris l’Arabie saoudite. Ce qui est particulièrement édifiant dans ce phénomène est que non seulement il s’agit d’une « paix chaude » en tout cas pour les pays du Golfe mais qu’aucun des accords ne comprend de conditions imposées à Israël par rapport à la question factice dite « palestinienne », – jadis chiffon rouge agité par ces mêmes pays arabes – qui commence à se dégonfler comme un ballon de baudruche. Plus que cela encore, des voix de plus en plus nombreuses dans les médias et la population des Emirats et d’Arabie saoudite se font entendre pour exprimer un ras-le-bol envers les dirigeants « Palestiniens », parfois en des termes qu’aucun dirigeant israélien n’oserait employer, les accusant entre autres d’ingratitude, de traîtrise, d’obsession victimaire et autres « vertus ». Le vernis de la supercherie finit toujours un jour ou l’autre par craqueler.
Face à ces développements historiques on ne peut que rire en se souvenant des avertissements répétés d’une Tsipi Livni ou d’un Ehoud Barak quant à un « tsunami diplomatique » contre Israël et de l’isolement progressif de l’Etat juif dans l’arène internationale, en attribuant par avance la responsabilité à Binyamin Netanyahou coupable de ne pas avoir suivi les sirènes du « Camp de la paix ». Rire aussi après les déclarations anthologiques martelées avec assurance par l’ancien Premier ministre Ehoud Olmert au mois de janvier dernier : « Aucun pays arabe, aucun pays arabe sunnite modéré, aucun, n’entretiendra des relations ouvertes avec Israël. Tout ceci ne sont que des stupidités. Tant que la question palestinienne n’aura pas été résolue il n’y a aucune chance que ces pays fassent le moindre pas pour révéler au grand jour les liens discrets que nous avons avec eux ». Dixit Ehoud Olmert.
D’acteur principal depuis des décennies dans le grand théâtre du Moyen-Orient, l’Autorité Palestinienne devient désormais un simple figurant par un retour de manivelle bien mérité.
Ce qui se déroule sous nos yeux depuis quelques mois est la déconstruction entamée de l’un des plus grands mythes du 20e siècle : la cause dite « palestinienne » autour de laquelle tout devait tourner. Le « Camp de la paix » en Israël en avait fait son souci principal et il se retrouve aujourd’hui dépassé, défait et ridicule. Les réactions de ses tenants, tant dans la classe politique que dans les médias, sont pathétiques face au processus de normalisation qui est en marche, à l’image de quelqu’un qui brise le miroir parce qu’il se trouve moche : « Oui, mais il y a les F-35 », « Oui, mais Israël n’était pas vraiment en guerre contre les Emirats », « Oui, mais il y a les Palestiniens », « Oui, mais ces pays ne sont pas des exemples de démocraties », ce dernier argument n’étant pas piqué des vers quand on se souvient que ce même « Camp de la paix » a soutenu les Accords d’Oslo signés avec une organisation mafieuse et terroriste, tout sauf démocratique, dirigée par Arafat et lui avait même fourni des armes qui se sont retournées contre les Israéliens.
Il est cocasse de voir ceux qui revendiquent depuis des décennies l’exclusivité de la recherche de la paix et accusaient la droite de saboter toutes les opportunités faire aujourd’hui la fine bouche face à la révolution d’ampleur historique qui s’opère sous nos yeux.
La raison en est simple : il est toujours difficile de reconnaître que l’on s’est fourvoyé et surtout, lorsque les gens que l’on hait réussissent là où nous avons échoué. Le « Camp de la paix » israélien avait en fait enfourché depuis le début une cause fausse, illusoire, une imposture comme rarement l’Histoire en a fournies, celle d’un « peuple palestinien » sorti de nulle part, un « peuple » dont personne n’avait entendu parler il y a encore 70 ans. Il a signé et soutenu des accords hypocrites et belligènes avec une organisation qui ne cache même pas que son but ultime est la disparition de l’Etat juif. Il a utilisé la population israélienne comme des animaux de laboratoires pour procéder à des « essais de paix » en sachant pertinemment que les risques étaient énormes. Et les résultats ne se sont pas fait attendre.
Or aujourd’hui, ces mêmes pays arabes qui avaient contribué avec l’aide de l’Union soviétique à faire imposer cette « cause palestinienne » dans la conscience universelle réalisent aujourd’hui qu’elle les a menés dans une impasse. L’art et le génie du Premier ministre israélien aura été de travailler durant des années pour favoriser ce tournant vers des accords de paix stratégiques réels et solides, sans qu’Israël ait besoin de se mettre en danger.
Ce « Nouveau Moyen-Orient » qui se dessine, bien réel et prometteur celui-ci, est tellement visible qu’il n’y a même pas eu de réactions à Abou Dhabi ou Manama à l’annonce de nouvelles constructions juives en Judée-Samarie. Ce sont l’Union européenne, la France et la Turquie, dans leur combat d’arrière-garde, qui s’en sont chargées…
Avec ces accords qui se tissent, c’est un mythe qui s’envole, celui d’un « Camp de la paix » qui par son arrogance, son aveuglement et son intolérance a cru détenir les clés d’un avenir souriant pour cette région du monde. Tout comme ceux qui prétendent être les vrais défenseurs de la démocratie sont parfois ses fossoyeurs, le « Camp de la paix » israélien a prouvé qu’il a poursuivi des chimères pendant des années.
Sa chute n’en est que plus spectaculaire.
Source :

https://lphinfo.com/fin-dun-mythe-la-deroute-historique-du-camp-de-la-paix-israelien-par-shraga-blum/

happywheels

3 Commentaires

  1. Franccomtois dit :

    Je n´ai rien contre le fait de vivre en paix,surement pas au risque de me faire saigner comme lapin.Je crois que ces israéliens ont des problemes de mémoire avec leur histoire et ne peuvent imaginer se qui les attendent si le gouvernement et les militaires israéliens suivaient leur délire.
    Qu´ils écoutent ce Monsieur et qu´ils méditent sur les paroles:
    -Herbert Pagani plaidoyer pour ma terre (qu est ce que le sionisme)
    https://youtu.be/RPpYQGv_jDI

  2. benjamin dit :

    la probable defaite de trump va surement donner des ailes aux adversaires de Netanyahu en israel et aussi ailleurs !surtout parmi les juifs américains !dont un sondage revele que 70% d entre eux ont votè pour biden!!et revient sur la table la vieille rengaine decrite si bien dans l article ci dessus !!mais helas : et heureusement !!il y a l iran !!et la racaille libanaise !!qui peut souder la nation israelienne !!!

  3. niro dit :

    c’est le moment de liberer la judée samarie et jerusalem ,qui sont infectés de dechets!!!,avant que biden passe

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